Daniel Brühl et Himesh Patel sont les stars de cette satire des coulisses de films de super-héros, qui n’a malheureusement pas le mordant nécessaire.
Les Américains ont une bonne expression pour résumer l’absence d’envie de connaître le processus de fabrication d’un produit : « I don’t want to know how the sausage gets made. » Sous-entendu : « Ne me montrez surtout pas comment c’est fait, je préfère ne rien savoir par peur d’être dégouté. » Le problème de The Franchise, c’est que tout le monde sait déjà plus ou moins comment la saucisse superhéroïque est préparée. Auscultés sous toutes les coutures depuis le début de leur règne sur le cinéma mondial, les films de surhommes donnent régulièrement naissance à des articles bien informés, où le moindre changement dans le tournage ou la production est décortiqué. Toute personne un tant soit peu intéressée par les super-héros au cinéma a donc déjà une connaissance encyclopédique des coulisses.
C’est dans ce cadre particulier que la nouvelle série HBO se propose de moquer l’univers Marvel (en se gardant bien de tirer sur les films DC Comics, propriétés de Warner Bros., tout comme HBO. Sacrément gonflé) à travers le tournage d’un space opera consacré à un super-héros mineur et parfaitement imaginaire. Les quinze premières minutes qui racontent ce petit cirque sont plutôt amusantes, et la reconstitution du plateau de projets de cette ampleur est proche de la perfection - croyez sur parole un journaliste qui en a visité plusieurs.
Le problème, c’est que The Franchise se retrouve très vite confrontée à la banalité de sa satire et forcée de cocher toutes les cases attendues : l’acteur shakespearien (ici joué par Richard E. Grant) qui ne sait pas ce qu’il fout là ; le réalisateur indé (Daniel Brühl, lui-même star du MCU) dépossédé de son film par un producteur tout-puissant ; les fans incels qui ne supportent pas qu’un personnage féminin occupe trop l’écran ; la star teubée (Billy Magnussen) ; les réécritures de scénario et les compromissions incessantes ; les placements de produits absurdes pour faire plaisir à la Chine (scène plutôt marrante avec un tracteur à caser dans l’histoire) ; le caméo d’un personnage décidé au dernier moment…
On sait que tout ça est vrai, largement documenté et parfaitement absurde, et que l’industrie supérhéroïque usine des longs-métrages et des séries comme d’autres fabriquent des vêtements de fast fashion. Est-ce que ça en fait un bon sujet de bonne comédie pour autant, dans un monde où The Boys raille la même chose mais sans retenir ses coups ?
Jamais hilarante - jamais catastrophique non plus -, la série a pour elle un casting assez impeccable qui sait rehausser des situations convenues. C’est très peu venant des producteurs Armando Iannucci (créateur des géniales The Thick of It et Veep) et Sam Mendes (qui réalise d’ailleurs le pilote), ainsi que du shownrunner Jon Brown (notamment passé par la salles d’écriture de Succession), visiblement plus doués pour ridiculiser les puissants que les hommes en collants.
The Franchise est une série facile à digérer (le genre dont on enchaine mollement les épisodes en espérant, sans trop y croire, qu’un fou rire viendra), dépourvue de l’élan artistique qui justifierait son existence. Soit exactement ce qu’elle reproche à son sujet de moquerie. Avouez que c’est un peu fort de café.
The Franchise, huit épisodes. À voir à partir du 7 octobre sur la plateforme Max.
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