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Dans une interview au New York Times, le cinéaste maudit Terry Gilliam revient sur ses projets, ses échecs, Woody Allen et le budget pharaonique de Green Lantern. Chaud devant !Dans le cadre de l'exposition New Yorkaise, Persol, Magnificent, Obsession, un documentaire retrace la bataille menée par Terry Gilliam contre les producteurs du film culte Brazil. On aime bien Terry finalement. Pas forcément pour ses films (certains ont sacrément vieilli), mais pour son attitude, ses vistas et sa rage. Il a à peine plus de 10 films au compteur, mais presque autant de budgets explosés, de conflits ouverts avec ses producteurs, ses acteurs, ses scénaristes... Bref, on appelle ça un artiste !  A l'occasion de cette expo, le New York Times lui a posé quelques questions. Sur son art, le business et le cinéma. Et c'est plutôt enrichissant."Des fois je me dis : fais chier tout ça" Il est d'abord question de ses projets actuels, et notamment de son Don Quixote, serpent de mer et "obsession magnifique" qui traîne depuis une dizaine d'années. Gilliam explique au journaliste que le financement n'est pas fini. Ou plus exactement, qu'ils ont réussi à rassembler un certain budget - mais que pour ce prix-là, ils ne peuvent rien faire."Il y a un chiffre maudit à Hollywood - et nous y sommes. 25 millions de dollars. Avec ça, on ne peut pas faire grand chose. On regarde où on pourrait tourner pour ce prix là. Peut-être l'Argentine, mais probablement pas aux US". Gilliam évoque alors le problème des financements des films hollywoodiens. Comme nous le disaient récemment James Wan, le réalisateur d'Insidious, à Hollywood, il n'y a plus de films du milieu, ces films qui coûtent entre 10 et 30 millions de dollars. Ce que confirme Gilliam "Hollywood donne aux réalisateurs 200 millions de dollars pour faire les mêmes films. Ou 5 millions pour faire un film intéressant". C'est finalement tout le système de production hollywoodien que dénonce Gilliam. Lancé par le journaliste, Gilliam s'en prend ensuite - avec humour - à Woody Allen. "Il a pillé l'Europe. Il a commencé en Angleterre, il a pris tout l'argent espagnol. Maintenant, il est à Paris et il ne nous reste pas grand chose" plaisante-t-il. Tout en reconnaissant ne pas savoir vers qui se tourner pour trouver des financements. Et puis, contrairement à son homologue new yorkais, l'ex Monty Python est fatigué des dérives du star system. Revenant sur la carrière d'Andrew Garfield (le prochain Spiderman) qu'il avait lancé dans L’imaginarium du Dr Parnassus, il explique que s'il le caste pour son prochain film, d'un seul coup il pourrait débloquer un gros budget. "La seule question qui compte pour les producteurs, c'est : qui est la star ? Duvall est un super acteur, mais pas pour ce genre de budget. Donc, je cherche d'autres combinaisons. Mais je commence à en avoir marre de cette situation. Une partie de moi dit Fuck this ! Malgré tout, c'est le meilleur script que j'ai jamais eu !""Ce serait pas génial si Green Lantern se plantait ?"Spécialiste es-désastre, Gilliam est ensuite interrogé sur Green Lantern. On sait que le film de super héros a coûté 200 millions de dollars et a fait un démarrage décevant avec 52 millions le premier week end. Commentaire de Terry : "Au-delà de 20 millions, dès qu'on rentre dans les gros chiffres, ils parient ! Ils jouent le noir ou le rouge... Et entre nous, ce serait pas génial si Green Lantern se plantait ? Est-ce que ce sera le nouveau Cléopâtre ? Est-ce qu'ils ne sont pas en train de dépenser une fortune pour le promouvoir ? De fait, si on dépense beaucoup d'argent, le film peut faire un bon score même s'il est affreux. Mais faut pas jouer à ça trop souvent... D'ailleurs, si je ne m'abuse, l'autre Green, Green Hornet n'a pas marché non plus ? Ce n'est pas un bon moment pour les Green. A Hollywood quelqu'un doit se dire : le vert ne marche pas". "J'ai été surpris de voir à quel point Parnassus avait été mal distribué"Mais c'est évidemment concernant ses propres films que Gilliam est le plus disert. Quand on lui demande pourquoi il a eu autant de problèmes à monter les films, sa réponse est simple : "Ce n'est pas un amas d'erreurs, mais une coïncidence, une combinaison de choses... Leur trajectoire est là, la tienne est là, et parfois, on se rencontre. Et parfois on se crash. J'ai été très embarrassé de voir comme Parnassus avait été distribué aux US. Ca m'a un peu déprimé et j'aurai dû être plus prudent."Et maintenant ?Quand le journaliste lui demande quels sont ses projets, Terry lui répond du tac au tac : "Je ne sais pas. Le tournage que j'ai préféré ces derniers temps était celui de ce court-métrage, The Wholly Family. Ca dure vingt minutes. On le tourne, et bingo ! Peut-être qu'à l'heure où tout se "miniaturise", c'est la voie à suivre..."