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A l’occasion de la sortie de Downsizing retour sur les sept meilleurs films d’hommes (et de femmes) qui rétrécissent.

Downsizing n’est pas le premier film Hollywoodien à miniaturiser ses personnages. C’est même un thème classique du film de SF ou d’horreur. A l’occasion du pamphlet d’Alexander Payne, retour sur les sept meilleurs films de minimen. Classés, mais dans un ordre croissant de qualité !

7/ Ant-Man de Peyton Reed (2015) 


La formule mini : infime d’aventures 

Gros soucis (de tournage), gros studio (Marvel avalé par Disney) et petite réussite. En s’attaquant à un personnage de deuxième ligue, Marvel avait la possibilité de s’échapper de la formule classique des super. Raté. Origin story convenue, Ant-Man est finalement un superfilm by the book avec ses bons (toutes les scènes de Michael Pena) et ses mauvais côtés (la comédie sirupeuse). Les rétrécissements donnent lieu à de sympathiques moments, mais rien d’inoubliables.

 

6/ Alice au pays des merveilles de Tim Burton (2010) 


La formule mini : La guerre des (Mini) miss

Tim Burton a visiblement un truc avec les personnages miniaturisés. On en croise dans Beetlejuice et on peut même marcher dessus dans la chocolaterie de Charlie. On a le droit de rester insensible à cette adaptation meringuée du classique de Lewis Carroll, on a aussi le droit d’y voir parfois des traces de la folie burtonienne qui mine parfois le classique victorien (la reine Rouge est au fond une pauvre petite fille dépressive et la Reine blanche cache une folle maniaco-dépressive). Quoiqu’il en soit, de toutes les versions, c’est bien dans celle-là que Burton propose la séquence de miniaturisation la plus spectaculaire et la plus poétique. Le voyage d'Alice dans Underland est une merveille de design et de SFX.

5/ Chéri j'ai rétréci les gosses de Joe Johnston (1989)

La formule mini : Petits enfants, gros soucis

Rick Moranis, génie de l'understatement, joue un papa savant fou qui par mégarde… rétrécit ses gosses (ça, c’est le titre) et les balance à la poubelle (et ça c’est le début des vrais ennuis). Les enfants miniatures vont devoir traverser le jardin et affronter un environnement particulièrement effrayant pour retrouver taille humaine. Premier film de Joe Johnston (gourou des effets spéciaux de Star Wars et futur réalisateur de Jumanji), CJRLG est un bel hommage aux classiques fifties et sixties de Jack Arnold ou Bert I Gordon doublé d'un formidable film d'aventure familial qui multiplie les séquences à couper le souffle et déploie un vrai sens de l'émerveillement. Vous serez surpris d'être ému par une fourmi.

4/ Le Voyage fantastique de Richard Fleischer (1966)

La formule mini : Speed dans un corps humain

Un scientifique russe passe à l'Ouest et développe des techniques extrêmes de miniaturisation pour l'armée américaine. Les Rouges le plongent dans le coma avec un caillot au cerveau. Les Américains tentent de le sauver en injectant dans son corps un sous-marin miniaturisé. Problème : au bout d’une heure, l’appareil reprendra sa taille initiale. Un grand film d'aventure aux prémices paranoïaques et aux visions SF démentes. Il suffit de voir l'attaque du vaisseau par les globules blancs et les anti-corps, la visite des poumons, totalement psyché ou les éclairs (de génie) dans le cerveau et le décolleté de Raquel Welch pour comprendre qu'un petit Richard Fleischer (la poésie des images est plus intéressante que le vernis d'espionnage) reste toujours un très grand film.

 

3/ L'aventure intérieure de Joe Dante (1987)

La formule mini : Inside Man

Popcorn movie 80s sans fioritures, fun et surréaliste, L'Aventure intérieure possède les atours d'un space opéra mais… à l'intérieur du corps humain.  Un militaire (Dennis Quaid irrésistible) est miniaturisé avec un sous-marin pour pénétrer le corps d'un lapin et étudier son comportement; à la suite d'un quiproquo, il se retrouve dans les veines d'un obscur magasinier. Comme la plupart des films de Joe Dante celui-là ressemble à du Spielberg black. Léger en apparence mais sombre en vérité. Version gonzo du Voyage fantastique de Fleischer (voir plus haut), ce remake schizo et bondissant est un flipper sentimental et existentiel qui joue avec cette sensation de dépersonnalisation qu'éprouve son héros et tape sur toutes les institutions : l'armée, la recherche, le contre-espionnage... Joe Dante ou l'éternel (petit) grain de sable de la (grosse) machine hollywoodienne.

 

2/ Les poupées du Diable de Tod Browning (1936)

La formule mini : proto-Annabelle

A la suite d'un complot monté par ses associés, un banquier (Lionel Barrymore impérial) passe 17 ans au bagne. Il en a marre. Il s'évade en compagnie d'un savant fou qui a découvert le moyen de miniaturiser les êtres vivants et de se faire obéir. Sa vengeance va être terrible : déguisé en vieille femme, depuis la cave d'un magasin de jouet, il commande ses poupées maléfiques pour régler ses dettes.  Entre mystère et fantastique, entre film d'horreur et love story, ce film confirme le talent de Tod Browning (dont c'était le dernier film), maître du weirdo, obsédé par l’exotisme, le spiritisme, le cirque et les mélos qui faussement, après Freaks, signe son autre film somme.

 

1/ L'homme qui rétrécit de Jack Arnold (1957)

La formule mini : La cinquième dimension

Impossible d'oublier le chat géant qui poursuit l'homme réduit à la taille d'une souris. Avec des dispositifs ultrasimples, comme des objets familiers démesurément grossis devant lesquels se déplace un personnage qui en devient microscopique, le génial Jack Arnold invente des trucages «en direct» que les images de synthèse approchent rarement en termes de pur onirisme. A la suite d’une exposition à un nuage radioactif, un type voit son organisme rapetisser inexorablement jusqu’au microscopique. La beauté du film tient autant à ses effets visuels qu’à la mélancolie existentielle instillée par le texte du grand Richard Matheson. D’une chronique domestique sur la déliquescence d’un couple, le film glisse peu à peu vers une fable humaniste et s’achève dans un final grandiose où, en rétrécissant toujours plus, le héros se déshumanise jusqu’à l’effacement. Grandeur et misère de la condition humaine : c'était pas ça ce qu'essaye de faire Downsizing ?

Downsizing sort le 10 janvier