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Le culte de l’éternelle jeunesse prend des rides. Zac Efron et ses hordes de fans prépubères ne sont plus ce qu’il y a de plus hot à Hollywood. (Re)Faites place aux Meryl Streep, Tommy Lee Jones, Liam Neeson et Jeff Bridges, car ce sont eux qui rapportent et rapporteront dans les années à venir le plus de billets verts à l’industrie. Pourquoi ? Car ils ont le même âge que la classe démographique qui fréquente le plus les salles de cinéma : les baby-boomers. Ces gens nés entre 1946 et 1964 sont 78 millions aux Etats-Unis, dont 40,3 millions âgés de plus de 65 ans. Il s’agit du segment de population qui augmente le plus rapidement, celui qui a le plus de temps et d’argent pour aller au ciné, et pour qui se faire une toile a toujours été une sortie cool. Alors que les jeunes, ces salles gosses nourris à Internet et aux jeux vidéo, sont moins nombreux, moins disponibles et moins riches, et téléchargent sauvagement des films plus souvent qu’ils n’achètent une place de cinéma. Nombre + disponibilité + pouvoir d’achat + fidélité. Une addition que les studios commencent à réévaluer.Le troisième âge (d’or)Et ce cœur de cible vieillissant est une bonne nouvelle pour les acteurs sur la même pente. Si le cinéma américain n’a jamais complètement négligé les films dont les stars avaient leur carte vermeille (Cocoon, Miss Daisy et son chauffeur, Space Cowboys), les productions étaient marginales, les studios préférant miser sur la jeune étoile montante du moment supposée valeur sûre du box office, reléguant les vétérans aux seconds rôles. Que les ados se rassurent, Clint Eastwood et Meryl Streep n’ont pas remplacé Robert Pattinson et Kristen Stewart dans l’ultime volet de Twilight, mais ils se sont refait une place au soleil.Les plus de 50 ans ont regagné le droit d’être en tête d’affiche et de sortir des productions indé pour conquérir tous les genres, y compris la comédie romantique et le film d’action. Un des films les plus rentables de l’été aux Etats-Unis, Tous les espoirs sont permis, met en scène Meryl Streep (63 ans) et Tommy Lee Jones (65 ans) dans la peau d’un couple qui tente de remettre du piment dans sa vie conjugale après 30 ans de mariage. Tandis que Stallone et sa bande de gros bras du troisième âge se chargent de l’action avec Expendables 2. En 2010, le premier volet n’avait pourtant pas trouvé de studio pour le financer, personne ne croyant au potentiel de ce casting trop ridé. Le public s’est chargé de leur prouver leur erreur.Résultat, chaque grand studio a aujourd’hui dans ses cartons un projet pour seniors : Warner a Trouble with the Curve, un drame où Clint Eastwood perd peu à peu la vue, Universal développe Dirty Grandpa, dans lequel Jeff Bridges incarnera un grand-père sexuellement agressif, CBS Films prépare Las Vegas, une comédie avec Robert De Niro, Michael Douglas et Morgan Freeman, enfin Sony s’attelle à une version senior de Very Bad Trip, Winter’s Discontent, qui suivra une veuve frustrée partie se retirer dans une maison de retraite dans l’espoir d’assouvir ses désirs sexuels. Et pour promouvoir ses productions mûres, les publicistes ne se battent pas pour obtenir la couverture de Vogue ou d’Entertainment Weekly, mais celle du magazine de l’AARP, l’Association américaine des personnes retraitées, puissante organisation non gouvernementale dont la publication compte 50 millions d’abonnés.Le jeunisme a pris un bon coup de vieux. (source The Hollywood Reporter)Vanina Arrighi de Casanova