PHOTOS - Social Network : de la réalité à la fiction. Décryptage de la création de Facebook
La création de Facemash
<strong>Le film :</strong> Zuckerberg (<strong>Jesse Eisenberg</strong>), furieux de s?être fait larguer, rentre dans sa chambre d?Harvard et s?acharne sur un ordinateur. A moitié bourré et à moitié triste, il poste sur son blog et, en deux heures, crée un site pour humilier les filles de sa fac. Facemash est né.<strong>La réalité par... <strong>Ben Mezrich</strong> :</strong> Après avoir bien picolé, Mark a commencé à pirater le système informatique d?Harvard. Il a pris toutes les photos des filles du campus et a créé un site où l?on pouvait élire la plus sexy. En quelques heures, toute la fac était connectée à Facemash et les serveurs s?effondraient. Mon livre s?ouvre sur cet épisode : c?est le début de l?aventure Facebook. C?est ce qui a rendu Mark célèbre. C?est grâce à cette histoire que les jumeaux Winklevoss l?ont repéré et c?est ce qui a scellé le pacte entre Eduardo Saverin et Zuckerberg.<strong>... par <strong>Aaron Sorkin</strong> :</strong> on a essayé d?être très fidèle à la réalité et aux détails. Par exemple, on a fait pas mal de recherche pour savoir quelle type de bière il boit durant cette nuit cruciale. C?est de la Beck et on peut la voir dans le film.
Eduardo Saverin gèle les comptes de Facebook
<strong>Le film </strong>: après avoir tenté de parler plusieurs fois à Zuckerberg, Eduardo Saverin (interprété par <strong>Andrew Garfield</strong>) appelle la banque et demande à geler les comptes de Facebook. Lorsqu?il appelle Zuckerberg, celui-ci rentre dans une colère noire. <strong>La réalité par... <strong>Ben Mezrich</strong> :</strong> <em>"Du point de vue de Mark, en gelant les comptes de la société, Eduardo menaçaitFacebook ; il essayait de détruire le site. Mais Eduardo ne l?a fait que pour attirer son attention, c?était un SOS. Eduardo n?a compris que Mark ne voulait plus de lui que bien plus tard. Après avoir perdu ses parts, et après son entretien avec l?avocat? Le film compresse ça pour le rendre lisible. </em>"<strong>...et par Slate.com :</strong> la relation entre Eduardo Saverin et <strong>Mark Zuckerberg</strong> a été tellement litigieuse (elle est au coeur d?un procès) qu?il est aujourd?hui impossible de connaitre la réalité de cette relation. Le film spécule beaucoup sur ce point.
La rencontre avec Bill Gates
<strong>Le film :</strong> Une scène très courte. Dans une salle surchauffée, Eduardo Saverin et Mark Zuckerberg qui viennent tout juste de lancer <em>Thefacebook.com</em> écoutent le Dieu du Web. Ils se font surtout draguer par deux jeunes asiatiques.<strong>La réalité par... Ben Mezrich :</strong> "<em>La scène est brève dans le film, or à mon sens, c?est l?un des moments clés de l?histoire de Facebook. En 2004, Bill Gates était venu faire une conférence à Harvard. Dans l?assistance : Mark Zuckerberg et Eduardo Saverin qui venaient de lancer leur site. Cette rencontre est déterminante, parce que selon Eduardo, c?est le moment où Mark comprend qu?il peut quitter Harvard pour se consacrer à Facebook. Pendant la conf?, Gates avait été clair : vous pourrez toujours revenir et finir vos études à Harvard si vous vous plantez... Ce fut le vrai déclic?.</em>
La rencontre avec les jumeaux Wincklevoss
<strong>Le film : </strong>Impressionné par Facemash, les jumeaux Wincklevoss qui appartiennent à l?élite de Harvard contactent Zucklerberg pour lui proposer de devenir le programmeur de leur projet numérique. <strong>La réalité par... Ben Mezrich :</strong> <em>?Au moment où Mark lance Facemash, Tyler et Cameron Winklevoss élaboraient déjà leur site, Harvard Connection, un site de rencontre réservé à Harvard. Ils avaient besoin d?un geek et ils ont contacté Mark. Mark avait des sentiments ambivalents envers les jumeaux : il traînait avec eux moins pour leur site que parce que c?était des types cool, les balèzes du campus. Les Winklevoss sont de purs produits de Harvard, ils appartiennent à l?aristocratie du campus. Et face à cette aristocratie qui pense que tout lui est permis, un gamin sorti nulle part va remettre en cause cette suprématie et ?voler? leur idée. Mark est un petit juif newyorkais plus intelligent que tout le monde; l?ennui, c?est que son intelligence ne peut pas lui ouvrir toutes les portes. Je ne sais pas si il leur a volé l?idée du réseau social élitiste, mais le vrai génie de cette histoire, c?est bien Zuckerberg?.</em>
Le premier dîner avec Sean Parker
<strong>Le film : </strong>Sean Parker arrive en retard dans un restaurant newyorkais où l?attendent Mark Zuckerberg, Eduardo Saverin et sa copine. Look agressif, coolitude en avant, il débarque comme une rock star.<strong>La réalité par... Ben Mezrich : </strong> <em>?Le film le dépeint de manière un peu diabolique. Il devient un personnage de cinéma et perd de sa complexité à mon avis. Mais la scène de New York de l?avis général il avait vraiment cette allure de rock star, ce charisme incroyable et un cynisme parfois effrayant. Mais c?était un entrepreneur, il voulait faire de Facebook un phénomène international... Et il a tout de suite vu le potentiel de Facebook. Contrairement à ce que laisse entendre le film, il n?est pas arrivé pour virer Eduardo, ni pour prendre le contrôle de la boîte. C?était un geek avant tout, passionné par les réseaux sociaux.</em><strong>... et par Peter Thiel (investisseur de Facebook) </strong>: <em>?Sean mérite sans doute moins de crédit que ce qu?il croit pour avoir fait de Facebook ce que c?est devenu. Mais il mérite plus de crédit que ce que tout le monde pense !? </em>
La scène d'ouverture
<strong>Le film :</strong> dans un bar, <strong>Mark Zuckerberg</strong> se fait larguer par sa copine Erica. Dialogue virtuose, rapidité d?exécution, mise en scène imposante : un Billy Wilder 2.0 et l?une des plus grandes scènes de l?année. <strong>La réalité par...</strong> <strong>Ben Mezrich</strong> : <em>?Le film s?ouvre sur la rupture entre Mark et Erica. On sait qu?il venait de se disputer avec cette fille puisqu?il en parle ouvertement sur son blog. On ne ne connaît pas les détails de ce rendez-vous, on sait juste qu?elle a eu lieu. Mais l?idée de la mettre au début du film est brillante?</em><strong>... et par le magazine Slate.com :</strong> <em>?Dans son blog, Zuckerberg écrit, "Jessica Alona est une pute."</em> The Social Network change Jessica Alona en Erica Albright, la prétendue girlfriend (...). Mais on ne sait pas si la Jessica Alona réelle était bien la copine de Zuckerberg ou même s?il avait une relation avec elle.
La scène de pyjama
<strong>Le film :</strong> Pour impressionner les grands groupes financiers, Mark Zuckerberg (sur l?idée de Sean Parker) fait une présentation de Facebook en pyjama à un investisseur potentiel. Un grand moment de nerditude ! <strong>La réalité par... le site <em>Fortune</em> : "</strong><em>Mark Zuckerberg a bien fait une présentation en pyjamas a un investisseur. Il s?agissait de la firme Sequoia Capital (pas nommé dans le film) et il était accompagné."</em>
L’apparition de Sean Parker
<strong>Le film :</strong> Une chambre de fac. Une fille canon sort d?un lit et va prendre sa douche. Resté seul Sean Parker (interprété par un <strong>Justin Timberlake</strong> impérial) jette un oeil sur son ordinateur et découvre Thefacebook. L?histoire du numérique vient de changer.<strong>La réalité par... <strong>Ben Mezrich</strong> :</strong> <em>"Sean Parker cherchait l?idée à un milliard de dollars. Il avait eu deux compagnies qui avaient fait faillite (dont Napster) et il croyait vraiment dans les réseaux sociaux. Il a vraiment découvert Facebook comme ça. Dans la chambre d?une étudiante juste après avoir couché avec elle."</em><strong>... et par le magazine Vanity Fair :</strong> <em>?Parker a découvert Thefacebook - comme s?appelait alors le site - sur l?ordinateur de la petite amie de son colocataire, un étudiant de Stanford. Dans le film, il découvre ce site après avoir passé la nuit avec une fille dont on ne connaitra même pas le nom?</em>
The Social Network : comment reconnaitre la réalité de la fiction ?
<em>?Je ne veux pas être fidèle à la réalité. Je veux être fidèle à mon histoire</em><em>?</em>. L?homme qui parle s?appelle <strong>Aaron Sorkin</strong>, scénariste génial de A La maison blanche, des Hommes d?honneur et du sous-estimé La Guerre selon Charlie Wilson. C?est surtout le scénariste de Social Network, la nouvelle bombe de <strong>David Fincher</strong>, l?histoire vraie du fondateur de Facebook. Pourtant, si on y regarde bien, ce film est moins un biopic 2.0 qu?un Citizen Kane 2010. Et pour brosser le portrait du génie nerd et isolé <strong>Mark Zuckerberg</strong>, Sorkin et Fincher ont pris quelques libertés avec la réalité. <em>Première</em> a tenté d?y voir un peu plus clair en prenant les plus grandes scènes du film et de l?histoire de Facebook et en tentant de distinguer la réalité de la fiction. Pour en savoir plus, <strong>découvrez l?interview intégrale de <strong>Ben Mezrich</strong> sur Fluctuat.</strong>
Les final clubs de Harvard
<strong>Le film :</strong> un montage parallèle anthologique où l?on voit Zuckerberg paumé dans sa chambre pendant que les élites de Harvard (et surtout les plus belles filles du campus) font la queue pour rentrer dans un club privé de la fac. En moins d?une minute, Fincher donne le ton et la clé de son Citizen Kane : en être ou pas (des riches, des clubs, des élites...) ? Telle est la question que soulève le cinéaste et son scénariste.<strong>La réalité par... Ben Mezrich :</strong> ?Eduardo Saverin (le meilleur ami de Zuckerberg NDLR) est catégorique : une des obsessions de Mark Zuckerberg était d?intégrer les final clubs. Quand ils ont créé Facebook, la première chose qu?ils ont fait a été d?emailer le lien à tous leurs contacts de Phoenix, un des clubs privés d?Harvard. Je suis passé par Harvard. Si tu n?es pas dans ces clubs, tu n?as plus qu?un seul objectif. Y arriver. A travers Facebook, ce qui m?intéressait c?était de parler de Harvard ; Facebook n?aurait pas pu se faire ailleurs.<strong>... et par Mark Zuckerberg cité par le <em>New Yorker</em> :</strong> ?je n?ai aucun intérêt pour les final club?
“Je ne veux pas être fidèle à la réalité. Je veux être fidèle à mon histoire”. L’homme qui parle s’appelle Aaron Sorkin, scénariste génial de A La maison blanche, des Hommes d’honneur et du sous-estimé La Guerre selon Charlie Wilson. C’est surtout le scénariste de Social Network, la nouvelle bombe de David Fincher, l’histoire vraie du fondateur de Facebook. Pourtant, si on y regarde bien, ce film est moins un biopic 2.0 qu’un Citizen Kane 2010. Et pour brosser le portrait du génie nerd et isolé Mark Zuckerberg, Sorkin et Fincher ont pris quelques libertés avec la réalité. Première a tenté d’y voir un peu plus clair en prenant les plus grandes scènes du film et de l’histoire de Facebook et en tentant de distinguer la réalité de la fiction. Pour en savoir plus, découvrez l’interview intégrale de Ben Mezrich sur Fluctuat. Gaël Golhen.
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