Le réalisateur américain était présent au côté de son casting 5 étoiles aujourd'hui pour répondre aux questions des journalistes sur son nouveau film Asteroid City, présenté en compétition au Festival de Cannes.
Wes Anderson est venu illuminer le tapis rouge du Festival de Cannes hier soir avec Asteroid City, son nouvel opus présenté en compétition, dans lequel il rassemble certains des plus grands noms du cinéma américain, tels que Scarlett Johansson, Jason Schwartzman, Tom Hanks, Maya Hawke, Bryan Cranston, Steve Carell, Margot Robbie… C’est la troisième fois que le cinéaste américain vient présenter un film en compétition à Cannes, après Moonrise Kingdom en 2012 et The French Dispatch en 2021, bien qu’il soit reparti les mains vides à chaque fois.
Avec Asteroid City, il transpose son univers visuel minimaliste, entre stop motion, maquettes et prises de vue réelles, dans l’Amérique des années 1950, en plein Sud-Ouest des États-Unis. Au cours d’un week-end, un groupe de scientifiques et de militaires vont accueillir des enfants surdoués dans une petite ville marquée par la trace laissée par un cratère (d’où le titre du film). Une série d’essais nucléaires et l’arrivée d’extraterrestres vont pourtant venir perturber un quotidien d’apparence bien rangé… Wes Anderson et une grande partie de son équipe, Bryan Cranston, Maya Hawke, Scarlett Johansson, Steve Carell, Rupert Friend et Jeffrey Wright ont répondu aux questions de la presse ce midi, avant la sortie nationale du film, qui atterrira sur nos écrans le 21 juin prochain.
Qu’est-ce que ça fait de travailler avec Wes Anderson ? Pour ses acteurs, sa vision exigeante est l’une des plus importantes de ces dernières années, avec une ambiance de tournage conviviale, à la limite de la maison de famille. Pour Scarlett Johansson, l’expérience de tournage était “intense.” : “Nous vivons dans son monde. C’est le premier film que je fais avec lui où je ne joue pas un chien [Scarlett Johansson faisait partie du casting vocal de l’Île aux Chiens]. Le plateau de tournage est un endroit très vibrant, qui ressemble à une scène de théâtre.”
Wes Anderson évoque quant à lui un plateau sous influence théâtrale : “Monter une scène de théâtre est quelque chose de très excitant pour nous. Je n’ai jamais mis en scène de pièce de théâtre moi-même. Je ne me vois pas réserver une salle pour un certain temps, alors que la pièce n’est même pas encore prête !”, permettant à Bryan Cranston de répondre qu’Asteroid City “est comme une lettre d’amour de Wes sur l’histoire du théâtre, et tous les arts scéniques de manière générale.”
Cannes 2023 : Wes Anderson tourne à vide avec Asteroid City [critique]Une autre chose est sûre : Wes Anderson est l’un des derniers metteurs en scène à fabriquer son cinéma de toutes pièces, loin des effets spéciaux et des grosses machines hollywoodiennes bien huilées qui semblent aujourd’hui plus désincarnées que jamais. C’est en tout cas la remarque faite par une journaliste sur place. La réponse de l’intéressé : “Il y a tant de choses que j’aurais pu faire en post-production sur ce film, mais cela aurait changé l’expérience du tournage sur le plateau. L’aspect théâtral mentionné par Scarlett [Johansson] me paraît bien plus adéquat. Je suis attiré par les techniques anciennes, je n’ai jamais vraiment voulu tourner sur fond vert. Nous travaillons un peu comme dans les années 1930, où les équipes peuvent faire beaucoup avec peu. Cela dépend aussi de l’histoire que l’on veut raconter, il faut aller voir le monde pour tout comprendre.”
Les acteurs n’ont pas manqué de compliments pour le cinéaste et son travail. Pour Stephen Park, quand tout le monde “est sur le plateau, on sait toujours ce qui va arriver”, affirmation à laquelle Anderson répond que “les émotions de [ses] acteurs ne peuvent être improvisés.”, chose à laquelle Jeffrey Wright ajoute lui aussi : “Le cinéma de Wes ne peut pas être improvisé. Il doit toujours y avoir un schéma. Il installe une ambiance agréable sur le plateau. Et il sert aussi de super repas à la fin de la journée !”, raconte-t-il, provoquant l’hilarité de l’assemblée.
Jason Schwartzman, collaborateur de longue date de Wes Anderson, est également revenu sur sa relation avec le cinéaste : “Cet homme est magnétique. Je suis toujours surpris et honoré de bosser avec lui. J’avais 17 ans quand on s’est rencontré. C’était l’une des seules personnes à s’intéresser à ce que je disais. Il est très curieux, et voit toujours du potentiel en nous. Nous passions beaucoup de temps ensemble, nous étions très méthodiques sur le tournage.”. Le réalisateur en profite pour raconter une anecdote : “Jason venait tous les jours en costume, mais je ne savais plus ce que tu faisais exactement !”
Le cinéaste a également parlé de son expérience de tournage durant la période compliquée imposée par le COVID-19 : “Nous avons écrit une grosse partie du scénario durant la pandémie. Je ne voulais pas raconter une histoire autour du confinement. Selon moi, l’écriture d’un film est la partie la plus sujette à l’improvisation. Le tournage, en revanche, était toujours sous l’ère des protocoles du COVID, ce qui a soudé l’équipe. J’aime cette idée de troupe. On dînait tous ensemble au milieu d’un désert, c’était super !”
Enfin, il est revenu sur son utilisation de la musique dans le film : “Nous construisions certaines scènes autour de la musique. Nous avons tourné au cœur d’un grand espace avec plein de petites radios apparaissant sur certains plans. Avec mon superviseur musical Randall Poster, on cherchait de la musique adéquate au cours du montage, qui serait en accord avec cette période des années 1950. On a notamment utilisé des chansons américaines adaptées pour le Royaume-Uni."
Au terme de cette conférence de presse plutôt sage, consistant en une série d’éloges envers le réalisateur, Didier Allouch, qui animait cette rencontre, n’a pas hésité à demander au metteur en scène s’il croyait aux extraterrestres : “Je ne vous conseille pas d’écouter mon opinion, mais d’après ce que j’ai lu dans les livres de Stephen Hawking, il n’y a probablement pas d’extraterrestre.”
Une question sur les différentes vidéos qui tournent sur les réseaux sociaux autour des films dans le style “Wes Anderson”, imaginées par les différentes intelligences artificielles, aura malheureusement été sacrifiée par le temps. Dommage.
Asteroid City sortira dans les salles françaises le 21 juin prochain.
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