Roland Giraud, Michel Boujenah et André Dussollier pouponnent sur Gulli.
Ce soir, les parents seront mis face à leurs responsabilités, sur la chaîne des enfants, Gulli. Place à 21h05 à Roland Giraud, Michel Boujenah et André Dussollier, les trois "célibattants" devenus papas par la force des choses en devant s'occuper du bébé de l'un d'entre eux, confié "de force" par sa maman débordée dans Trois hommes et un couffin. Le début des ennuis pour ces trois mâles plus habitués à penser à eux qu'à pouponner les chérubins.
36 ans après sa sortie, Trois hommes et un couffin reste encore bien ancré dans les mémoires : son succès colossal n'a été que peu égalé depuis. Fort de 10,2 millions d'entrées, il figure d'ailleurs toujours aujourd'hui dans le top 10 des plus gros succès de l'histoire du cinéma français. Une performance exceptionnelle et inattendue qui a contribué à faire de ce film l'événement de 1985, et bien plus encore. Devenu un phénomène de société, le film de Coline Serreau, bien à l'aise dans son époque, n'a rien perdu de sa modernité encore aujourd'hui.
Une comédie moderne
Pourtant, rien ne laissait présager d'un tel succès. La réalisatrice Colin Serreau n'est pas encore un nom connu du grand public à l'époque. Cette enfant de la balle, fille de l'écrivain Geneviève Serreau et du metteur en scène Jean-Marie Serreau, a déjà quatre longs-métrages à son actif, certains remarqués comme Pourquoi pas ! en 1977, mais dont aucun n'a effleuré le succès public qui sera celui de Trois hommes et un couffin. Pour son cinquième film, dont elle est aussi le scénariste, elle s'entoure d'un casting d'acteurs populaires mené par le trio formé par Roland Giraud, Michel Boujenah et André Dussollier. Mais ce qui fera avant tout le succès du film tient dans la finesse de son scénario, en phase avec l'évolution des mœurs de la société. Son ton nouveau, abordant l'inversion des rôles sociaux "traditionnels", les familles monoparentales, les pères au foyer, trouve un large écho auprès du public, féminin ou masculin.C'est ce bouche-à-oreille qui fera du film un succès surprise au-delà de toutes les espérances. Parsemé de scènes et dialogues cultes (la comptine Au clair de la lune, le face-à-face entre Roland Giraud et Dominique Lavanant...) ainsi que de trouvailles improvisées sur le tournage (le personnage de Michel Boujenah marche en canard car l'acteur devait porter des couches suite à une torsion mal placée contractée sur le tournage de son film précédent), Trois hommes et un couffin est apparu comme une comédie moderne et bien dans son temps, ce qu'a salué la critique à la sortie du film.
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Le plus gros succès des années 1980
Résultat : le succès prend une ampleur historique en attirant un peu plus de 10,2 millions de spectateurs en salles. Nous disions plus haut que Trois hommes et un couffin était le 10e plus gros succès français de tous les temps en France, et c'est aussi le plus gros carton dans les salles françaises de toute la décennie 1980, toutes nationalités confondues, devançant E.T, l'extra-terrestre de Steven Spielberg (9,4 millions d'entrées) et Le Grand Bleu de Luc Besson (9,2 millions).
La popularité du film se concrétise aux César : nommé six fois, il sort grand vainqueur de la soirée en remportant trois trophées : celui du meilleur scénario original pour Coline Serreau, celui du meilleur acteur dans un second rôle pour Michel Boujenah, et surtout celui du meilleur film. Nommé pour l'Oscar du meilleur film étranger, il devra finalement s'incliner face au film argentin L'histoire officielle de Luis Puenzo. Mais le succès ne s'arrête pas là et dépasse les frontières françaises. Le film connaît en effet un carton inattendu en Union soviétique, où il attire plus de 33 millions de personnes en salles ! Bel accueil du public également outre-Rhin avec plus de 2,5 millions d'entrées, le film connaît un succès plus modeste mais tout de même appréciable sur le très difficile marché américain, où il dépasse le demi-million de spectateurs.
L'Amérique s'empare d'ailleurs immédiatement de son sujet et propose à peine deux ans plus tard sa propre adaptation, Trois hommes et un bébé. Le tandem Roland Giraud – Michel Boujenah – André Dussollier est remplacé par Tom Selleck, Steve Guttenberg et Ted Danson dans ce film réalisé par... Leonard Nimoy, le célèbre Spock de la saga Star Trek. Trois hommes et un bébé, en plus d'être bien reçu par la critique, connaît à son tour un énorme carton devenant le plus gros succès de l'année 1987 sur le territoire américain en obtenant des recettes quinze fois supérieures à son budget : 167 millions de dollars contre 11 de budget officiel. En 1990, Tels pères, telle fille, avec le même casting, est ainsi commandé.
Pour la France, il a fallu attendre 2003 pour qu'une suite voie le jour, 18 ans après, avec Madeleine Besson, la fille de la réalisatrice, dans le rôle du bébé qui a bien grandi. Elle a attiré 1,5 million de curieux dans les salles obscures, ce qui est un score honorable, sans être impressionnant. En 2011, Roland Giraud évoquait l'idée d'un troisième opus, "qui serait celui de la naissance du bébé de la petite, un bon sujet pour clore l'histoire". Pour l'instant, ce projet ne s'est pas concrétisé.
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