La première collaboration Delon- Melville est à l’honneur ce soir de Place au cinéma sur France 5, présenté par Dominique Besnehard
La première rencontre Delon- Melville
Le Samouraï met en scène Jeff Costello, un tueur professionnel doublement menacé de mort, après avoir exécuté un contrat, par la police qui le traque et un mystérieux homme blond qui a tenté de le tuer alors qu’il allait récupérer l’argent qui lui était dû. Jeff Costello est incarné par Alain Delon. Et c’est la première fois qu’il se retrouve devant la caméra de Jean- Pierre Melville qui lui avait proposé quelque temps plus tôt de tenir le rôle central de l’adaptation de Main pleine, le roman de Pierre- Vial Lesou, paru dans la collection Série noire. Delon avait dit non, plus intéressé à l’époque par une tentative de carrière américaine qui n’aboutira pas. Mais un film va changer la donne : Le Deuxième souffle dont l’immense succès incite Delon à revenir vers Melville. Celui- ci lui propose un rôle dans L’Armée des ombres qu’il est en train de développer. Mais l’acteur n’accroche pas et lui demande s’il n’aurait pas un autre projet en tête. Melville sort alors un scénario écrit quatre ans plus tôt en 1963 – très librement adapté de la nouvelle de Joan MacLeod, The Ronin -… et commence à le lui lire. Au bout de sept minutes, Delon l’interrompt et, séduit par la quasi- absence de dialogues, lui dit banco ! Et cette première collaboration ne restera pas sans lendemain. Delon et Melville se retrouveront pour Le Cercle rouge en 1970 et Un flic en 1972.
Un tournage interrompu par un incendie
Passionné par Hollywood, Jean- Pierre Melville a eu le désir dès le début de sa carrière d’avoir ses propres studios. En 1947, il déniche donc un entrepôt désaffecté, rue Jenner, dans le 13ème arrondissement parisien et l’aménage donc en studio où il tourne son premier long métrage, Les Enfants terribles en 1949. Mais dix huit ans plus tard, en plein tournage de ce Samouraï, un incendie se déclare en pleine nuit et ravage ce lieu où il s’était aussi installé pour y vivre. Melville KO debout et persuadé de l’origine criminelle du sinistre, son chef décorateur François de Lamothe va faire des prodiges pour que le tournage puisse reprendre au plus vite et y parvient en reconstruisant les décors en seulement deux semaines aux studios de Saint- Maur !
Une œuvre inspirante
Gros succès populaire à sa sortie en salles (près de 2 millions d’entrées en France), Le Samouraï va surtout au fil des années une source d’inspiration intarissable pour des générations de cinéaste de Martin Scorsese à Johnnie To en passant par Quentin Tarantino, Francis Ford Coppola, David Fincher, Bernardo Bertolucci, Aki Kaurismäki, Takeshi Kitano, Michael Mann, Nicolas Winding Refn, Luc Besson ou les frères Coën… Jim Jarmusch et John Woo allèrent encore plus loin en signant deux remakes certes officieux mais assez explicites : Ghost dog et The Killer. L’influence du Samouraï ne se limite cependant pas au seul cinéma. En 2012, dans son album MDNA, Madonna a présenté la chanson Beautiful killer comme un hommage à Alain Delon dans le film de Melville.
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