Ses trois filles
Netflix

Trois soeurs brouillées veillent leur père mourant. Un huis clos parfaitement exécuté, porté par Carrie Coon, Elizabeth Olsen et Natasha Lyonne.

Dans une chambre au fond du couloir d’un appartement new-yorkais sans fioritures, un père se meurt d’un cancer. Seule preuve de son existence pour le spectateur, les bips réguliers qu’émettent les machines quand l’une de ses filles ouvre la porte. Elles sont trois, s’évitaient plus ou moins consciemment jusqu’ici, mais les voilà forcées de cohabiter le temps que le paternel, endormi par la morphine, ne rende son dernier souffle : Katie, la grande soeur irritable (Carrie Coon) ; Christina (Elizabeth Olsen), dont la zénitude apparente semble cacher une dépression nerveuse ; Rachel (Natasha Lyonne), fumeuse de beuh invétérée qui n’a jamais quitté l’appartement et vit de paris sportifs.

Frontière vers le purgatoire

Ce drame en quasi huis-clos pourrait vite ressembler à du théâtre filmé si Azazel Jacobs (The Lovers, French Exit) n’utilisait pas l’appartement comme un territoire de cinéma, jouant sur le cadrage pour inventer une sorte de western deux pièces/cuisine où l’on sort les flingues métaphoriques entre la salle de bain et le salon. Le trio s’engueule, se réconcilie, s’engueule à nouveau en se balançant des rancoeurs ancestrales (savoureux dialogues) et se relaie dans la fameuse chambre, toujours hors-champ, dont la porte prend des airs de frontière vers le purgatoire. Le père est invisible mais occupe tout l’espace mental de ces trois personnages impeccablement dessinés et incarnés. Jusqu’à ce que sa figure ne surgisse soudain dans une scène fantasmagorique qui vaut à elle seule le détour.

Ses Trois Filles, d'Azazel Jacobs, avec Natasha Lyonne, Elizabeth Olsen, Carrie Coon... Durée : 1 h 43. Sur Netflix le 20 septembre 2024.