“Il y a un grand fossé entre les générations en ce qui concerne la façon de consommer les médias,” déclare l’un des réalisateurs d’Avengers : Endgame.
Au tour des frères Russo de participer au débat de la “super hero fatigue”, déjà commentée par Bob Iger, Chris Evans, ou encore, plus récemment, Joseph Quinn. Un avis d’autant plus important quon doit à ce tandem certains des plus gros succès du Marvel Cinematic Universe : Le Soldat d’hiver, Civil War, Infinity War, et Endgame.
Selon eux, les projecteurs ne sont pas dirigés vers le bon endroit. Certes, les studios Marvel ont connu une passe difficile, avec quelques déconvenues (Ant-Man et la Guêpe : Quantumania, The Marvels, le renvoi de Jonathan Majors, par exemple). Pourtant, pour le duo de réalisateurs, ce problème n’est pas seulement celui de l’usine à super-héros : il concerne le tout-Hollywood, et la façon dont les spectateurs contemporains consomment les histoires.
Selon Paul Dano, la "super hero fatigue" est une bonne nouvelle"Je pense que c'est un reflet de l'état actuel des choses, déclare Joe Russo à GamesRadar. [...] Nous sommes dans une période de transition et [...] les gens ne savent pas encore comment ils vont recevoir les histoires à l'avenir, ni quel genre d'histoires ils vont vouloir.”
Pour l'Américain, c'est une fracture générationelle qui fragiliserait l’industrie :
"Il y a un grand fossé entre les générations en ce qui concerne la façon de consommer les médias. Il y a une génération qui a l'habitude de regarder des films sur rendez-vous et de se rendre au cinéma à une certaine date pour voir quelque chose, mais elle est en train de disparaître. La nouvelle génération, quant à elle, se dit : 'Je veux ça tout de suite, je veux le consommer maintenant' ; puis passe à l’intérêt suivant, qu'elle traite tout en faisant deux autres choses en même temps. [...] Tout le monde, y compris Marvel, vit [...] cette transition. C'est probablement ce qui est en jeu plus que tout autre chose".
Dans un entretien récent au Times, Denis Villeneuve défendait les 322 minutes de ses deux derniers blockbusters, Dune et Dune : deuxième partie, en les comparant à Oppenheimer : “Les jeunes adorent regarder des films longs, parce que s'ils payent, ils veulent voir quelque chose de conséquent. Ils cherchent du contenu qui a du sens,” déclarait-il. Il semble cependant que ce ne soit pas l’avis de Joe Russo :
Emily Blunt déteste la notion d’algorithme"Je pense que le format de deux heures, la structure qui sous-tend la réalisation d'un film, a plus d'un siècle maintenant et que tout est toujours en transition, dit-il, toujours à GamesRadar. Il y a donc quelque chose qui se reproduit et cette forme est répétitive. Mais il est difficile de réinventer cette forme et je pense que la nouvelle génération cherche des moyens de raconter ses propres histoires qui servent sa propre sorte de TDAH collectif.”
Dans la même veine, Anthony Russo ajoute que cette “fatigue” ne concerne pas seulement les super-héros, mais qu’elle est intrinsèquement liée à une histoire cyclique du cinéma :
"La question de la lassitude du public existait bien avant notre travail. Il s'agit donc d'une sorte de plainte éternelle, que nous avions l'habitude de citer à nos débuts [...]. Les gens se plaignaient de la même manière des westerns, mais ils ont duré des décennies et des décennies. Ils ont été continuellement réinventés et portés à de nouveaux sommets au fur et à mesure qu'ils avançaient.”
En somme, les frères Russo sont plutôt optimistes quand il s’agit de l’avenir du genre. Un genre qu’ils ont pourtant laissé de côté après Avengers : Endgame, avant-dernière addition de la phase trois du MCU. Depuis, et alors que beaucoup de fans souhaitent leur retour dans le MCU, ils ont réalisé trois longs-métrages pour des plateformes de streaming (Cherry, The Gray Man et The Electric State). Ils sont également producteurs exécutifs de Citadel, une série Prime Video avec Richard Madden et Priyanka Chopra Jonas.
Pour les frères Russo, "la sacralisation de la salle de cinéma c'est des conneries"
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