Voici notre critique de l'adaptation du best-seller de Stieg Larson par le réalisateur de Seven.
Vous avez déjà lu Millenium ? Vu la version suédoise ? Vous vous demandez si ça vaut le coup de retrouver Lisbeth et Mikael sur grand écran ? L'avis de Première pourrait bien vous guider.
Fincher garde le rythme. Après Zodiac, L’étrange histoire de Benjamin Button et The Social Network, Millenium est son quatrième film à nous arriver en l’espace de quatre ans. Des films d’une ambition dingue et d’une complexité monstrueuse, qui sont parvenus à faire céder les dernières digues critiques et ont contribué à ériger l’ex-cinéaste punkoïde et infréquentable de Fight Club en grand manitou des images contemporaines. Surprise : là ou ses trois précédents opus apparaissaient comme des projets impossibles, des prises de risques insensées au sein d’une industrie hollywoodienne qui ne se caractérise ces jours-ci que par la tiédeur, Millenium joue pratiquement sur du velours – avec cette adaptation de la trilogie policière best-seller de Stieg Larsson, Fincher s’adresse aux 50 millions de lecteurs s’étant entichés du bouquin à travers le monde. Un public captif qu’il n’a manifestement aucune intention de se mettre à dos. Grosse pression ? Respect immodéré du matériau originel ?
On comptait sur Fincher (et son scénariste Steve Zaillian, le génie derrière La Liste de Schindler et American Gangster) pour sublimer la commande. Pas la subvertir, non, mais au moins opérer les ajustements nécessaires pour muscler l'histoire originelle - au risque de se brouiller avec le fan-club de Larsson, on est en droit de juger certains rebondissements du livre limite clichetonneux. Il sont ici reproduits à la virgule près.Rien de neuf, donc ? Pas si simple. Déjà parce qu’un film de Fincher, même mineur, c’est de la haute couture filmique, supérieure à 99% de la production contemporaine (lumière aveuglante du chef op’ Jeff Cronenweth, score hypnotique de Trent Reznor, morceaux de bravoure à tous les étages…). Et aussi parce que Lisbeth Salander. Sans nul doute LA raison pour laquelle Fincher s’est collé à ce nouveau thriller, alors qu’il avait déjà tout dit sur le genre avec Seven et Zodiac. Incarnée par la bluffante Rooney Mara, la hackeuse gothique au regard froid comme le métal s’impose ici comme la jumelle du Mark Zuckerberg de The Social Network. Détraquée, désaxée, les yeux rivés sur son PC, et seule à en crever. Le générique (une déflagration tétanisante rythmée par la reprise du Immigrant Song de Led Zep’) raconte ça encore mieux que le film, explicitant en tout cas merveilleusement la démarche de Fincher : comment on fabrique un personnage, comment on façonne une icône (réponse : en la trempant dans un bain d’encre, de sueur et de sang). Et quand il s’agit de façonner des icônes, le réal’ de Fight Club s’y entend mieux que personne. Un film problématique, donc, assommant et fascinant, forcément impossible à balayer d’un revers de la main.Frédéric Foubert
Bande-annonce de Millenium :
EXCLU - David Fincher : "Un tueur, un donjon, des actes répréhensibles, une scène de godemiché ? C’était pour moi !"
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