Kung Fu Zohra - avec Sabrina Ouazani
Gaumont

Les deux comédiens sont épatants dans ce film étrange où se bousculent trop d'idées pour convaincre totalement.

Canal + consacre son samedi soir à la comédie française : à 21h10, la chaîne proposera Kung Fu Zohra, puis à 22h44, Zaï, Zaï, Zaï, Zaï. Cette soirée vaut-elle le coup ? Notre critique du film de Mabrouk El Mechri (JCVD) est à lire ci-dessous, et celle de l'adaptation de l'univers de Fabcaro est .

Une femme battue apprend les arts martiaux pour rendre enfin les coups face à son mari violent. Rien à dire sur ce pitch réjouissant, affirmant la sympathique cinéphilie qui anime en permanence Mabrouk El Mechri : après JCVD, des épisodes de la série Maison close et un détour pas vraiment transformé aux USA (le film d'action mollasson Sans issue avec Henry Cavill), le réalisateur essaie de revenir à un cinéma direct, rigolo et pas prise de tête. Sauf que ça ne marche pas vraiment. On a l'impression que plusieurs films différents se sont sévèrement castagnés en salle de montage. Ça commence comme une comédie absurde où Zohra (Sabrina Ouazani) étend son linge au bled en matant des classiques HK en fond sonore, avant de partir pour la banlieue française pour un drame conjugal commenté en voix off par une chauffeuse de bus (Eye Haïdara) qui disparaîtra pendant quasiment tout le reste du film, avant de s'achever comme un hommage aux films de kung-fu vintage avec deux grandes scènes de baston... dont une illustrera le générique de fin, dans un coin de l'écran comme un bêtisier de Jackie Chan.

Donc, les morceaux ne collent pas vraiment, Kung-Fu Zohra oscillant en permanence entre ses deux pôles, le sérieux le plus total et le fun le plus décomplexé, trop antinomiques pour fonctionner ensemble (que fait ce sifu parlant à peine français, pâle copie de Maître Miyagi, dans un gymnase de banlieue ?). Le film aurait vraiment gagné à aller à fond dans une seule direction : l'assemblage bancal du film plaide pour un problème de post-production plutôt que d'intention. Comme on dit dans Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du mandarin, si ça ne marche pas, c'est que l'esprit et l'âme vont au nord et au sud. Ceci dit, Sabrina Ouazani et Ramzy Bedia, dans les rôles principaux, sont absolument surpuissants, à la fois dans le naturel et le surjeu, et bouffent littéralement chaque scène jusqu’à leur ultime (et très chouette) combat. Rien que pour leur duo, on dirait que ça vaut le coup.