En comparant Keanu Reeves à Gene Kelly, le cinéaste a révélé le genre plutôt surprenant qui constitue la base de son travail.
Non, ce n'est pas une blague. Chad Stahelski, réalisateur de la saga John Wick, et Nathan Orloff, son monteur, ont expliqué dans un entretien pour IndieWire comment la comédie musicale des années 50, et surtout Gene Kelly, ont influencé les séquences de combat menées par Keanu Reeves. What ?
Keanu Reeves : "Il n'était pas question de jouer John Wick comme un super-killer Terminator""Tout le monde rit quand je le dis, mais j'adore les comédies musicales. Bob Fosse est une grande source d'inspiration. Gene Kelly aussi, dans Chantons sous la pluie. Nous n'avons pas réinventé l'action ou quoi que ce soit d'autre avec John Wick - nous avons simplement consacré tout notre argent et notre temps à préparer Keanu pour qu'il soit notre Gene Kelly", a confié Stahelski.
Personne ne l'avait vu venir, mais chaque film de la saga John Wick utiliserait comme modèles structurels les œuvres favorites de Stahelski, de Chantons sous la pluie en passant par Parade de printemps. Dans le quatrième opus, les 14 longues séquences d'action remplissent la même fonction que les numéros de danse de ces comédies musicales, en faisant avancer l'histoire par le mouvement. Mais pour Stahelski, l'influence va plus loin, notamment en ce qui concerne l'entraînement de Keanu Reeves. Pour (l'hilarante) séquence de combat dans les escaliers de Montmartre, Stahelski a décomposé une centaine de gestes en une danse afin que Reeves parvienne à s'en souvenir.
"La façon dont nous formons les acteurs est axée sur la danse. [...] C'est bien beau de frapper dans le sac, mais si vous ne vous souvenez pas de vos mouvements, la force de vos coups de poing n'a pas d'importance. Lorsque Keanu fait son gun fu, nous l'avons entraîné non pas aux arts martiaux mais à la danse, avec pour ambition que le rendu final ressemble justement à des arts martiaux", a déclaré le réalisateur.
Y aura-t-il un John Wick 5 ? Décryptage de la fin de John Wick 4 et de la scène post-génériqueUne préparation intense qui a permis au cinéaste de suivre l'exemple de Stanley Donen, et de laisser l'action parler d'elle-même. "Ils ont juste fait un travelling avec Gene Kelly. C'est assez simple, non ? Eh bien, un travelling avec Keanu Reeves, c'est tout aussi simple". John Wick se démarque en effet de nombreux films d'action par une caméra immobile qui ne bouge pas dans tous les sens, permettant aux spectateurs de prendre le temps d'observer les mouvements. Une influence de Chantons sous la pluie, donc, qui se ressent jusque dans le montage, Nathan Orloff voulant mettre en valeur la dextérité physique de Reeves et de l'équipe de cascadeurs de la même manière que Donen mettait en lumière Kelly, Debbie Reynolds et Donald O'Connor.
"Je peux honnêtement dire que la façon dont j'ai monté ce film d'action s'inspire de Chantons sous la pluie. C'est incroyable la façon dont les monteurs y font des cuts autour de la danse. Ils ne coupent jamais sur un mouvement pour l'accentuer. De la même manière, j'ai rarement coupé sur un coup de poing. Je coupais autour du coup de poing, après le coup de poing [...] Je voulais danser autour de l'action et ne pas en faire partie, et c'est pour cela que Chad et moi nous sommes bien entendus. Nous n'avions même plus besoin d'utiliser le montage pour améliorer les combats, cette approche ne nécessitant pas de dynamiser l'action", a révélé Orloff.
Une comparaison pour le moins étonnante, à découvrir dans le quatrième volet de la saga John Wick, actuellement au cinéma.
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