Première a rencontré le réalisateur de la comédie événement, rediffusée ce dimanche sur TF1.
Mise à jour du 20 août 2023 : Le Grand Bain reviendra ce week-end à la télévision. Nous avions rencontré son réalisateur, Gilles Lellouche, pour la sortie du film. Son entretien est à (re)lire ci-dessous pour patienter jusqu'à sa rediffusion.
Interview du 2 novembre 2018 : Il a d’abord été un acteur populaire, il est devenu popu. En réalisant Le Grand Bain, dans lequel il ne joue pas, il essaie à la fois de se reconnecter avec lui-même et avec le public. Voici un extrait de notre rencontre avec un artiste qui sort la tête de l’eau.
François Grelet & Christophe Narbonne
PREMIÈRE : On a l’impression que la question qui agite Le Grand Bain serait : comment transformer un film sur la dépression en film populaire ?
GILLES LELLOUCHE : Ah ? Ça tombe mal, je ne me suis jamais posé cette question (Rires.) Je n’ai pas essayé, en tout cas, de calibrer le film dans ce sens, de faire d’un film sur la dépression un antidépresseur. J’avais surtout l’envie de mélanger les genres. L’idée, c’était d’être d’abord dans l’intimité de mes personnages, au service d’une émotion collective donc populaire. Le problème c’est que le terme « populaire » est souvent associé à du gros truc approximatif qui tache. On a fait du mal à ce mot. Au même titre qu’il y a de grands tubes pop légendaires, il y a à côté des tubes de l’été produits à la chaîne. En ce moment, on a l’impression que c’est la deuxième catégorie qui domine. Mais il y a également trop de films intimistes qui ne parlent à personne… La vérité du cinéma, de mon point de vue, est à la confluence de ces deux extrêmes.
Justement, dans le film Mathieu Amalric illustre parfaitement la porosité entre cinéma d’auteur et populaire qui se manifeste à l’écran.
Exactement. Amalric n’avait jamais tourné avec Benoît Poelvoorde et le regardait avec des yeux d’enfant. C’était ma récompense. Le film n’a pas été conçu dans l’idée de réunir plein de grosses vedettes mais une fois qu’Amalric et Poelvoorde, deux de mes idoles, te donnent leur accord, tu ne peux pas aller chercher des inconnus pour les entourer. Et puis les temps ont changé… On me reproche toujours de travailler avec Marion (Cotillard) et Guillaume (Canet) que j’ai connus il y a dix-huit ans, à une époque où on était tous pas grand-chose. Je n’y peux rien si les choses ont changé pour nous. Je ne vais pas me priver de tourner avec des gens que j’aime bien ou qui font partie de ma vie. Si j’avais fait Le Grand Bain il y a vingt ans, je n’aurais pas disposé d’un all-star cast mais d’acteurs en devenir !
Le film jette un pont entre deux rives, entre culture mainstream et culture branchée. Ça se manifeste vraiment partout et notamment dans les références musicales : on y croise aussi bien Phil Collins et Julien Clerc que Jon Brion (le compositeur des premiers film de P.T. Anderson).
C’est ma personnalité, je ne peux pas vous le dire autrement. J’aime McCartney, Phil Collins, Tears For Fears, Julien Clerc… Pour ce qui est de Jon Brion, j’avais économisé sur les heures supp, c’est pour ça qu’on a pu se l’offrir comme compositeur. (Rires.)
Vous ne jouez pas dans Le Grand Bain. Cela s’inscrit-il dans cette logique de prise de recul ?
Ça m’a caressé l’esprit, j’avoue. Comme j’ai écrit tous les dialogues, je me suis joué tous les personnages. J’aurais bien interprété celui de Poelvoorde et, plus bizarrement, celui de Katerine. Finalement, j’ai décidé de ne pas jouer car la réalisation me passionne depuis toujours. Ce n’est pas une posture. Je voulais me consacrer totalement au film, à mes cadres, à la direction d’acteurs. M’entraîner comme eux pendant cinq mois pour jouer un rôle, ce n’était pas possible. Ce n’est presque pas le même métier.
L’interview de Gilles Lellouche est à retrouver en entier dans le 489é numéro de Première (octobre 2018).
Bande-annonce du Grand Bain :
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