Le Grand bain
StudioCanal

Petite histoire de ce "sport de filles" qui est au cœur de la dramédie de Gilles Lellouche.

Gilles Lellouche a réussi son coup avec Le Grand Bain, comédie dramatique sur fond de natation synchronisée masculine, à (re)voir ce dimanche sur TF1. Présenté très justement comme un "Full Monty à la française", son film dresse le portrait de plusieurs hommes aux quotidiens compliqués, qui vont retrouver le goût de vivre grâce à ce sport... inattendu, car dans l’inconscient collectif, c’est une discipline féminine.

Faites le test autour de vous : si vous évoquez le sujet, vos amis sportifs vous parleront certainement des naïades des Jeux Olympiques aux maillots pailletés et au maquillage waterproof, les cinéphiles évoqueront sans doute Esther Williams, l’actrice hollywoodienne qui a cartonné après-guerre grâce au Bal des sirènes, et les amateurs de rock vous chanteront peut-être "Aeroplane", le tube des Red Hot Chilli Peppers, dont le clip rendait justement hommage aux comédies musicales aquatiques des années 1930 à 1950…


Cannes 2018 - Le Grand bain, de Gilles Lellouche : Un Full Monty aquatique à la française ?

Pourtant historiquement, la natation synchronisée était à l’origine un sport masculin. Dans l’Antiquité, les Olympiades comprenaient notamment des épreuves aquatiques, de jeunes Grecs devant effectuer des figures dans les eaux du fleuve Alpheios. Et la première compétition officiellement recensée, qui eut lieu à Berlin en 1891, était réservée aux hommes : on ne parlait pas à l’époque de natation synchronisée mais "de nage ornementale."

C’est au début du XXe siècle que tout bascule : les nageurs se font voler la vedette par les femmes, notamment Annette Kellerman, qui séduit les New Yorkais grâce à un ballet aquatique en 1907. En 1923, sa compatriote américaine Katerine Curtis fonde le premier club de natation synchronisée dans une université du Wisconsin. Un an plus tard, les premières règles sont fixées, puis il faudra encore patienter une décennie pour que cette discipline gagne en popularité grâce aux productions hollywoodiennes, cette même nageuse ayant eu l’envie de chorégraphier des ballets pour le cinéma. La grande star de ce type de comédies musicales aquatiques est Esther Williams, qui cartonne dans les films musicaux de George Sidney tels que Le Bal des sirènes (1944) et La Cuisse de Jupiter (1955) ou dans La Première sirène (1952), de Mervyn LeRoy, dans lequel l’actrice joue justement Annette Kellerman.


Le Grand Bain – Gilles Lellouche : "C’est complètement débile, ce qu’ils font !"

A partir des années 1950, l’Europe se prend à son tour de passion pour ce sport qui demande une grande énergie musculaire et un souffle à toute épreuve. Il faudra cependant attendre 1984 pour qu’il devienne une discipline olympique : jusqu’ici, les nageuses pouvaient participer à des démonstrations de natation artistique, mais elles ne figuraient pas en compétition. Une fois officiellement ajoutée, elle devient le seul sport 100% féminin des JO avec la gymnastique rythmique. Vingt ans plus tard, en 2014, une nouvelle épreuve de duo mixte est organisée et le Russe Alexandr Maltsev devient le premier champion du monde de natation synchronisée en compagnie de sa partenaire Darina Valitova.

Depuis quelques années, la natation synchronisée s'ouvre donc à la mixité, de plus en plus de clubs proposant des cours sans distinction de sexe. Dans Le Grand bain, ce sport n’est certainement pas choisi au hasard : si Lellouche joue évidement avec cette idée reçue de "sport pour filles", il l’utilise surtout pour montrer petit à petit qu’il permet à ses personnages de s’affranchir des codes, des clichés et de la mode. Il les aide à régler leurs problèmes bien au-delà des portes de la piscine, devenant notamment important pour son aspect convivial, les nageurs devant s’entraider s’ils veulent réussir leurs objectifs. Vous pouvez retrouver notre critique ici :

Le Grand Bain : Tous à l’eau ! [Critique]

Bande-annonce du Grand Bain, à revoir ce week-end à la télévision :