Don't Look Up - Déni cosmique
Niko Tavernise / Netflix

Le réalisateur a modifié la fin de sa comédie catastrophe grâce à DiCaprio et Meryl Streep.

Attention, ça va spoiler !

Disponible sur Netflix depuis le 24 décembre (Joyeux Noël !), Don't Look Up - Déni cosmique de Adam McKay se présente comme le film de cette fin d'année sur la plateforme. Démonstration de farce à l'américaine, Don't Look Up raconte la frustration de deux scientifiques et d'un dirigeant de la NASA pour faire comprendre au monde que les jours de la planète sont comptés, alors qu'une comète "plus grande que celle qui a tué les dinosaures" se dirige tout droit vers la Terre.

Avec un casting cinq étoiles rempli de stars, dont Jennifer Lawrence, Leonardo DiCaprio et Meryl Streep en tête, le long métrage présente le thème de la fin du monde sous un angle comique et politique. Et si la fin de cette comédie noire est une apothéose, elle ne devait pas vraiment avoir la même tête dans les premiers plans de McKay. Lesquels ont été détaillés à Variety.

"Mon but est de filer des grands coups pieds dans les couilles des gens"

En effet, alors que le film se conclut sur un saut dans le temps, quelques 22 000 ans après l'impact de la comète sur la Terre, une partie de la population a pu s'enfuir, dont la Présidente Orlean (Streep) et le PDG de BASH, Peter Isherwell (Mark Rylance). Arrivés sur une nouvelle planète, plus accueillante et verdoyante que la Terre, ils se réveillent complètement nus dans leurs vaisseaux avant de sortir découvrir leur nouvel habitat. Ils font alors la rencontre d'étranges bêtes (qui rappellent des autruches), lesquelles s'empressent de dévorer la Présidente. On comprend alors que lorsque le PDG de BASH lui avait prédit sa mort, juste avant de lancer son opération sur la comète, en lui disant qu'elle se ferait dévorer par un brontaroc - "on ne sait pas encore ce que c'est"

Cette fin, tout aussi cynique soit-elle, n'était pourtant pas dans les plans de McKay. À Variety, le réalisateur confie que "La fin originale était : 'Oh, commençons à construire nos maisons'. Et puis quelqu'un dit : 'Oh, la nacelle transportant tous les ouvriers a explosé'. Et là, c'est Mark Rylance qui dit : 'Je donnerai un milliard de dollars à quiconque me construira une maison.' Et puis le gars à côté de lui ajoute : 'Je vais donner 2 milliards de dollars.' Et puis vous réalisez qu'ils sont tous milliardaires. Ils enchainent : 'Je donnerai 5 milliards de dollars ! 10 milliards de dollars !'" Une fin à la hauteur du film, avec une morale bien ajustée, qui n'a finalement pas été choisie au moment du final cut, au profit de l'arrivée des brontarocs. "Est-ce que ça veut dire que tout le monde sur chacun des vaisseaux se fait manger par des brontarocs ?, se demande McKay ? En fait, oui. Je pense que oui."

D'après Adam McKay, ce changement de fin est dû aux talents de Meryl Streep en improvisation. "Nous tournions la scène avec Rylance, Meryl et Jonah dans la salle de contrôle de BASH pour le deuxième lancement, raconte McKay. Je me suis dit : 'On devrait faire un jeu. Pourquoi vous ne parleriez pas de quelque chose ? On ne sait jamais. Ça pourrait être gardé.' Et Meryl, qui sait si bien improviser, me dit : 'Je veux savoir comment je vais mourir !'". Après discussion, chacun a convenu de la mort des autres : pour Jonah Hill (Jason Orlean dans le film), il devait mourir en trois jours en mangeant de la chair humaine avariée. Pour Streep, l'idée est venue que son personnage soit mangé par une créature. "Mark, Meryl et moi avons un peu embelli l'idée, poursuit McKay. Je pense qu'à chaque fois que nous avons dit le nom de la créature, il a changé, et la prise que nous avons utilisée était un brontaroc. Et après l'avoir tournée, j'ai dit : 'C'est très drôle. On devrait finir par la voir se faire dévorer par un brontaroc !'" Une décision qui a ensuite amené le superviseur des effets spéciaux Gieringer à créer un animal, à la demande de McKay : "On ajoute un nouveau rythme. On crée une toute nouvelle créature", lui aurait dit le réalisateur.

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A noter que si les talents d'improvisation de Meryl Streep ont modifié en partie la fin du film, elle n'est pas la seule actrice à avoir tenté quelque chose d'inattendu sur le plateau, pour que cela soit conservé au montage. Leonardo DiCaprio, qui tient l'un des premiers rôles, a lui aussi su tirer son épingle du jeu pour influencer la fin de cette comédie cynique. 

Toujours dans les lignes de Variety, Adam McKay raconte que la dernière réplique de Randall Mindy ("Le fait est que nous avions vraiment... nous avons vraiment tout, n'est-ce pas ? Je veux dire, si vous y pensez.") a été imaginée par DiCaprio, qui souhaitait apporter une nouvelle dimension au dernier repas de la famille Mindy. McKay décrit qu'ils tournaient la scène du dîner dans une maison du Massachusetts "dans un froid glacial". Entre deux prises, DiCaprio est venu voir McKay et la superviseuse du scénario, Cate Hardman : "Vous savez, j'ai l'impression que je devrais dire quelque chose". Il a alors donné son idée de réplique. "Il a dit la réplique, il ne l'a même pas lue dans le personnage. Et immédiatement, Cate, qui incarne cette dure texane, et moi avons tous les deux pleuré, et ma voix s'est un peu fendue. (...) Je me suis dit : 'Oui, je pense que tu devrais essayer ça !'Une réplique "coup de poing" pour le cinéaste, qui a pourtant failli ne pas l'intégrer au montage, avant de se raviser. "Nous en avions tellement peur dans la salle de montage, parce qu'elle nous frappait si fort. Pendant un moment, on ne l'avait même pas dans le montage. Et puis vers la fin, on s'est dit : 'Vous savez quoi ? Il faut qu'on essaie cette réplique.'"

Une réplique finale qui a ensuite influencé le dernier plan de la famille Mindy, lequel devait se couper sur un plan noir. Mais face à l'émotion de la scène, Adam McKay a souhaité intégré des effets spéciaux, et filmer la destruction de la maison, en arrière plan des personnages attablés. "C'est ainsi que nous avons obtenu le plan derrière le personnage de Rob Morgan, avec le mur qui s'effondre, la fenêtre qui se brise derrière Leo, la cuisine qui se brise derrière Jen." Et pour McKay de se demander, face à son final : "Est-ce qu'on va trop loin ? Nous voulons être tristes, mais nous ne voulons pas être traumatisés. Par exemple, je veux pleurer, mais je ne veux pas, vous savez, sangloter de façon incontrôlable !"

Don't Look Up - Déni cosmique est disponible sur Netflix depuis le 24 décembre. De Adam Mckay. Avec Leonardo DiCaprio, Jennifer Lawrence, Meryl Streep... Durée 2h25. Sa bande-annonce :


Don’t look up : Déni cosmique, une irrésistible démonstration de farce [critique]