La regrettée Bernadette Lafont est à l’honneur de Place au cinéma ce soir sur France 5, présenté par Dominique Besnehard, avec ce conte féministe amoral signé Nelly Kaplan voilà pile 50 ans.
L’entrée en fiction de Nelly Kaplan
C’est parce qu’elle était une enfant particulièrement turbulente et pour avoir la paix à la maison que les parents de Nelly Kaplan l’ont envoyée très tôt au cinéma. Sans se douter alors qu’ils créaient ainsi une vocation. D’abord assistante d’Abel Gance notamment sur Austerlitz, elle signe en 1961 un premier court métrage documentaire sur le peintre Gustave Moreau puis en met en scène 7 autres (dont Le Regard de Picasso qui lui vaut le Lion d’Or à Venise en 1967) avant de passer au long métrage de fiction en 1969 avec La Fiancée du pirate. L’histoire d’une femme vue comme une vagabonde qui décide de se venger des notables de son village, responsables à ses yeux de tous ses malheurs, à commencer par la mort de sa mère renversée par une voiture. Le Girl power dans toute sa splendeur, en adéquation avec la libération des mœurs en cours dans la France post- 68
Le retour en force de Bernadette Laffont
Pour tenir le rôle central de La Fiancée du pirate, Nelly Kaplan a choisi de faire appel à Bernadette Lafont. Egérie de la Nouvelle Vague, celle- ci s’était tenue éloignée pendant 5 ans des plateaux de cinéma dans les années 60. Ce personnage de femme libérée affrontant frontalement la violence des hommes marque son retour au sommet et, plus largement, l’un des sommets de sa carrière. Ce n’est donc pas un hasard si elle lui fera un clin d’œil dans le titre de son autobiographie, La Fiancée du cinéma, parue en 1978.
Une B.O. signée Moustaki
Nelly Kaplan a choisi de confier la musique de son film à un certain Georges Moustaki dont la chanson Le Métèque vient tout juste de connaître un succès international et de changer le cours de sa carrière. Il signe ici un instrumental, La Marche de Marie, et la musique et les paroles de la chanson, Moi je me balance, interprétée par Barbara.
L’interdit n’empêche pas le succès
Bien que (ou parce que trop ?) totalement dans l’air du temps, La Fiancée du Pirate eut à subir énormément d’obstacles tant dans son financement que dans sa distribution en salles. Produit par Nelly Kaplan elle- même pour seulement 450 000 Francs de l’époque (soit 70 000 euros), le film fut interdit aux moins de 18 ans à sa sortie pour « son sujet considéré comme libertin ». Mais ce conte féministe va cependant trouver son public au- delà sans doute même des attentes de sa réalisatrice en totalisant 1 166 475 spectateurs au terme de sa carrière.
Un titre américain très inspirateur…
A l’export, La Fiancée du Pirate change de titre et devient… Dirty Mary, du prénom de son personnage central. Et ce titre tapera dans l’œil d’un certain Don Siegel qui s’en inspirera pour un de ses films- culte qui sortira deux ans plus tard : le fameux Dirty Harry avec Clint Eastwood.
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