Choix n°1 : La Crème de la Crème de Kim Chapiron avec Thomas Blumenthal, Alice Isaaz, Jean-Baptiste Lafarge... Synopsis : Dan, Kelliah et Louis sont trois étudiants d'une des meilleures écoles de commerce de France. Ils sont formés pour devenir l’élite de demain et sont bien décidés à passer rapidement de la théorie à la pratique. Alors que les lois du marché semblent s’appliquer jusqu’aux relations entre garçons et filles, ils vont transformer leur campus en lieu d’étude et d’expérimentation. La crème de la crème de la jeunesse française s'amuse et profite pleinement de ses privilèges : tout se vend car tout s’achète… mais dans quelle limite ?L'avis de Première : Kim Chapiron s'est essayé à "la critique en questions" face à Première, en voici un échantillon. Drôle de film que La Crème de la crème.Mi Sorkin mi-Houellebecq, le nouveau Chapiron tire le portrait d’une génération (Y) sans héros ni croyance, pour qui tous les rapports sociaux sont marchands. C’est sans doute l’aspect le plus fort du film : cette manière de capter la réalité d’une jeunesse, ses codes, ses gestes, sa langue aussi, et son phrasé. Mais son film révèle certaines limites et plutôt que de le condamner on a voulu en parler avec lui. De sa mise en scène qui tente l’équilibre entre fougue réprimée et sécheresse romanesque, de son sujet qui pourrait paraître un peu dépassé… Questions (directes) réponses (fuselées) avec un cinéaste qui sait ce qu’il veut. "Commençons par le sujet. Les écoles de commerce et les débordements sur le campus, c’est pas un peu has been ? C’est un sujet qu’on traitait dans les magazines il y a 10 ans…D’abord il n’y a jamais eu de film sur le sujet. Et je pense que c’était précisément maintenant qu’il fallait le faire. Il y a 10 ans, les banquiers étaient les superhéros de notre époque, ceux qui avaient plein de thune, plein de meufs… Aujourd’hui, on les déteste et cette évolution dit des choses sur notre société. Mais j’espère que tu as compris que le vrai sujet de mon film n’est pas là. Ce n’est pas le campus, ce sont les personnages et leurs sentiments.Ca c’est l’autre problème que j’ai avec La Crème de la crème… Je ne comprends le message du film que dans le dernier plan.Je n’aime pas le mot, mais ce serait quoi pour toi le message ?La Crème de la crème est une love story.T’as tout gagné. Mon but, ce n’était effectivement pas de parler du côté immoral de ces écoles ; je ne voulais pas être un petit scientifique qui objective ses personnages, les regarde comme des rats pour montrer à quoi ressemble la vie de ces jeunes… Le cynisme c’est pas mon truc et le point de vue moral j’en n’ai rien à cirer. Ce qui me fascinait c’était l’histoire d’amour dans ce contexte-là. Dans ces boîtes on leur apprend à dominer l’autre, mais quand ils se prennent les sentiments dans la gueule ça fait mal. HEC c’est l’apprentissage de la domination. Ces types là ont un rapport cynique à la vie et au réel. Du coup, raconter une histoire d’amour dans cet environnement devenait génial. C’était un défi : pour eux et pour moi.  Mais en te mettant à distance, en refusant de jouer les codes du genre, en avançant masqué, tu perds le spectateur…Comme mon trio, complètement paumé. Mon principe c’était d’être du côté des personnages. Tu te poses des questions ? Tu te demandes où je t’embarque ? Mais c’est parce que je préfère subir la noirceur, vivre la peur de mes héros, pour à la fin, sortir la tête hors de l’eau et respirer un bon coup. Je suis à leur service."Lire la suite de l'interview iciBande-annonce : Choix n°2 : Salaud, on t'aime de Claude Lelouch avec Johnny Hallyday, Sandrine Bonnaire, Eddy Mitchell Synopsis : Un photographe de guerre et père absent, qui s'est plus occupé de son appareil photo que de ses 4 filles, coule des jours heureux dans les Alpes avec sa nouvelle compagne. Il va voir sa vie basculer le jour où son meilleur ami va tenter de le réconcilier avec sa famille en leur racontant un gros mensonge.L'avis de Première : Aimer un film de Lelouch, c’est avant tout souscrire à une certaine vision du monde, complètement exaltée dans sa manière d’envisager les rapports humains et la valse de sentiments exacerbés qui les accompagne, au rythme des envolées musicales de Francis Lai. À force de filmer la vie comme un miracle, le cinéaste, forcément, ne l’a pas vue passer. En cela, Salaud, on t’aime donne parfois l’impression de voyager dans le temps (casting conçu comme une émission de Champs-Élysées eighties, visions parfois désuètes, bande-son itou) mais, loin de ressembler à un sucrage de fraises en forme de radotage, ce quarantequatrième film épate au contraire par ses intuitions de cinéma, sa vigueur formelle, sa direction d’acteurs étonnante et sa dialectique sensible, énoncée notamment par le titre. Une fois ce genre de bases solides posées, reste, comme à chaque fois, la question majeure :êtes-vous ou non lelouchien ?Bande-annonce :  Choix n°3 :  Nebraska d'Alexander Payne avec Bruce Dern, Will Forte... Synopsis : Un vieil homme, persuadé qu’il a gagné le gros lot à un improbable tirage au sort par correspondance, cherche à rejoindre le Nebraska pour y recevoir son gain..Sa famille, inquiète de ce qu’elle perçoit comme le début d’une démence sénile, envisage de le placer en maison de retraite, mais un de ses deux fils se décide finalement à emmener son père en voiture chercher ce chèque auquel personne ne croit.Pendant le voyage, le vieillard se blesse et l’équipée fait une étape forcée dans une petite ville en déclin du Nebraska. C’est là que le père est né. Épaulé par son fils, le vieil homme retrace les souvenirs de son enfance.L'avis de Première : Les fans de Sideways et de The Descendants vont être déçus : compilation de clichés Americana, noir et blanc mortifère, misanthropie ciblant les ploucs du Midwest..., Nebraska donne envie de se ruer hors de la salle pour prendre un bon bol d’air frais. La seule façon de réellement apprécier le film ? Ne pas tant l’envisager comme « le nouveau Alexander Payne » que comme un superbe spécimen de « Bruce Dern movie ». Teigneux, pas beau, franchement antipathique, l’acteur a toujours été la cinquième roue du carrosse hollywoodien. Même ce rôle de pépé mal embouché, qui semble avoir été écrit pour lui et qui lui a valu le prix d’interprétation à Cannes, il n’en a hérité que parce que Gene Hackman a pris sa retraite. Il y est absolument fabuleux, incroyablement émouvant, hilarant quand il regarde son benêt de fils chercher son dentier près d’une voie ferrée. Tellement balèze que ça n’a même pas l’air de le déranger de donner l’une de ses meilleures performances dans le moins bon film d’Alexander Payne.Bande-annonce :  Les autres sorties de la semaine sont ici.