DR

Comment prédire le succès d’un film ? Google prétend avoir la solution. Andrea Chen et Reggie Panaligan, analystes dans les domaines médias et divertissement chez Google, ont écrit un article éclairant sur le sujet jeudi dernier sur Inside AdWords. Ce blog officiel est dédié comme son nom l’indique à AdWords, le système publicitaire du moteur de recherches. Celui-là même qui adapte la publicité de votre navigateur en fonction de vos requêtes Google. Sous le titre prometteur "Quantifier la magie du cinéma avec la recherche Google" (Quantifying Movie Magic With Google Search), Chen explique dans son papier "comment le système de recherche Google et des publicités payantes au clic peuvent prédire les résultats au box-office", et également analyser "le processus de décision du spectateur de cinéma".Après avoir analysé 99 films sortis en 2012 aux Etats-Unis, Chen, Panaglian et leur équipe AdWord estime en effet que l’une des clefs réside dans les recherches de trailers. "A quatre semaines de la sortie d’un film, analyser le volume de requêtes pour une bande-annonce en association avec la renommée d’une franchise et la période de l’année permet de prédire les chiffres d’un week-end de démarrage avec une précision de 94%", écrivent les analystes. Mieux, il existerait un lien entre le volume des requêtes et les publicités payantes au clic (les entreprises paient en effet Google pour relier leur promo à des mots-clefs et pour chaque clic sur une pub). "Dans les sept jours précédant la sortie, si un film reçoit 250 000 requêtes de plus qu’un film similaire, il y a de fortes chances pour que le premier film récolte 4,3 millions de dollars de mieux que le second", estime l’étude. Et évidemment, "si un film a 20 000 clics payant de plus qu’un autre, il pourrait rapporter 7,5 millions de dollars supplémentaires au démarrage." Le message est clair : distributeurs, achetez des clics chez Google et vos films marcheront mieux (et n’oubliez pas de publier vos bandes-annonces chez YouTube).Plus intéressant, les données indiquent que 48% des spectateurs décident le jour même quel film ils vont aller voir et "utilisent 13 sources différentes en moyenne" pour choisir. Ce qui suppose que le travail de promotion doit être transversal, passer par le plus grand nombre de médias possibles et ne doit pas s’arrêter au jour de la sortie du film. Ceux qui se plaignaient du tabassage médiatique de certains blockbusters ne vont donc pas être contents, car l’article nous rappelle donc assez clairement que plus les films sont présents sur le web, plus ils rapporteront d’argent (eurêka !). On attend maintenant que Google mette pour de bon leur théorie à l’épreuve : combien va rapporter le nouveau Superman Man of Steel (quinze bandes-annonces différentes et 100 partenariats pubs) à son démarrage américain du 14 juin ?Le texte ne dit cependant pas si Google aurait pu prédire les flops récents de Very Bad Trip 3 et After Earth. Ces deux gros films ont en effet démarré aux USA bien en-dessous des attentes de leurs studios respectifs : 42,4 millions pour Very Bad Trip 3 (2,5 millions de moins que le premier film de la trilogie) le 27 mai dernier, 27 millions pour After Earth (à deux exceptions, c’est le pire score pour un film porté par Will Smith depuis 2002) qui n’était que numéro trois du box-office le week-end dernier… Pas de panique : si Google s’était planté dans ses prédictions, l’entreprise n’avait qu’à classer ces films dans les 6% d’erreur.