-
Moins inspiré que dans ses deux fictions précédentes ("Suzhou River", "Purple Butterfly"), le réalisateur, sur fond de place Tienanmen - 89 et de révolte étudiante, cherche à retracer sous tous ses aspects (politique, social, amoureux, érotique...) le destin compliqué de ses jeunes personnages, mais, la plupart du temps, aligne sévèrement les clichés édifiants.
Toutes les critiques de Une Jeunesse Chinoise
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Ellepar Anne Diatkine
C'est à la fois une fresque épique sur l'histoire de la Chine d'aujourd'hui et un film intimiste, à hauteur des yex d'une jeune étudiante qui débarque à Pékin.
- Téléramapar Louis Guichard
(...) le film devient un bouleversant précis de décomposition des idéaux juvéniles, entre l’Allemagne, où les vieilles amitiés amoureuses importées de Pékin se soldent dans le néant, et la Chine, où Yu Hong, esseulée au cœur d’une société toute à son développement économique, s’accroche en secret, jusque dans le lit de ses partenaires sexuels, au culte de son grand amour de fac.
- Le Mondepar Thomas Sotinel
L'ambition du projet - on dirait que Lou Ye a voulu réunir en un seul récit L'Insurgé et L'Education sentimentale - laisse une prévisible sensation d'insatisfaction. Cette imperfection n'empêchera pas le film de peser d'un poids certain. D'abord parce que son mélange de nostalgie et de colère, de romance et de tragédie est porté par un élan, une sincérité, qui font passer les facilités que s'accorde parfois le metteur en scène. Ensuite parce que les premiers spectateurs de Summer Palace (le titre anglais et chinois d'Une jeunesse chinoise) ont été assez convaincus de son pouvoir de nuisance pour lui refuser l'accès au public de son pays.
- Paris Matchpar Christine Haas
Le journal intime de cette héroïne trop romantique est le pivot d'une chronique douce-amère où la narration se nourrit de la perception de divers protagonistes sur leur pays en pleine mutation. (...) Ce film bouleversant témoigne de l'avancée de la liberté.
- Fluctuat
Lou Ye n'a certes pas le romantisme d'un Wong Kar-wai ni la délicatesse des portraits adolescents de Shunji Iwai (le cinéaste du genre, inconnu ici, c'est lui, pas Larry Clark). Pourtant son nouveau film, Une jeunesse chinoise, réussit à voler un peu des deux et d'Histoire pour filmer une passion amoureuse au-dessus du monde et vieille comme le cinéma.
- - Exprimez-vous sur le forum Une jeunesse chinoiseIl serait un peu trop facile de tirer à boulets rouges sur Une jeunesse chinoise sans oser prendre le temps de dépasser ses faiblesses. Comme le jeune cinéma chinois et la Chine en général, le film de Lou Ye va vite, l'ellipse est sa forme privilégiée. Une telle mesure ne se conçoit que dans l'acceptation que chez lui, le monde doit aussi s'y plier et qu'une forme doit s'en distinguer. Loin de celui de son demi-frère Jia Zhang Ke, le cinéma pour Lou Ye n'existe que par quelque chose où la réalité ne peut-être qu'un espace dans lequel des personnages vivent par-delà les contingences de cette réalité. Ce qui l'intéresse tient moins dans une volonté sismographique du réel que par la possibilité de s'en emparer pour y faire exister des histoires simples propres au cinéma. Ainsi, Une jeunesse chinoise est une oeuvre à regarder pour son absolue transparence, son immédiateté, sa manière de ne pas tricher et de foncer droit sans faillir vers ce qu'il désire nous montrer.Une passion au-dessus du mondeSi Une jeunesse chinoise provoque ce doute propre au critique en attente d'une approche rigoureuse et sérieuse de son sujet (souvent volé par des cinéastes vulgaires qu'on encense par consensus), c'est parce qu'il ose s'aventurer sur le terrain, à risque, de la petite histoire croisant la grande. Une telle approche mériterait, pour beaucoup, une prétendue justesse évaluée selon nous par des critères aussi mornes que désormais inutiles. De tout cela le film de Lou Ye s'en moque. En prenant le risque de raconter la passion amoureuse entre deux jeunes étudiants à travers les fracas du monde, de la société chinoise, de Tien an Men en passant par la chute du mur de Berlin jusqu'à l'avènement économique de la Chine, il ose dire que le réel l'intéresse moins que de petites choses dont il tire sa vérité. On clamera que la confrontation de l'intime et de l'idéal a connu d'autres essais laborieux (Les innocents), et c'est vrai. Mais Une jeunesse chinoise fait moins partie de cette catégorie que d'une autre qui, à partir du même principe, s'entête d'abord à filmer son véritable sujet, une passion amoureuse au-dessus du monde.Un romantisme exacerbéCe qui intéresse véritablement Lou Ye dans Une jeunesse chinoise, c'est la possibilité d'affirmer son propre romantisme, exacerbé, adolescent, cinéphile. Ce romantisme, qu'on lui reproche pour sa pureté sans recul ni marge, structure la totalité du film. Constamment au diapason de son actrice (Hao Lei, visage inoubliable) incarnant cette puissance des sentiments contre la raison, Lou Ye en fait l'écho sourd de l'individu contre l'impermanence des choses. Le contexte n'est donc ici qu'un moment du mouvement par lequel les êtres existent. Ils ne font que passer dans un monde dont ils restent étrangers aux soubresauts, alors que l'absence d'emprise qu'ils ont sur lui révèle cette nature possible de leurs sentiments.
Une jeunesse chinoise vit ainsi dans l'illusion d'un moment perdu et d'euphorie où l'ouverture du pays permettait l'existence de cette nature romantique. La structure du film elle-même, en deux parties, semble comme obsédée par la première où les conditions de la rencontre et de la passion étaient possibles, promises et déjà condamnées.Tout l'équilibre du film tient sur celui, précaire et instable, de rendre plus admirables les sentiments qu'un regard sur le monde. Il cherche à prouver que le maximum d'intensité possible se situe davantage du côté de l'être et de sa rencontre avec l'autre, que dans l'image d'une époque dont il chercherait le sens. Une jeunesse chinoise réussit peut-être ainsi à prouver la nature déraisonnable et inexorable du chaos qui nous gouverne, en y resituant l'être telle une particule pris dans un flux auquel il n'est pas hermétique, mais parfois étranger ou seulement témoin. La facilité et la simplicité avec lesquelles il s'empare de l'Histoire, sans vouloir lui imposer autre chose que des conditions (et non des raisons) propres à l'évolution d'une passion sont les seules et véritables conséquences de ce que l'Histoire a produit.
Pour Lou Ye, Une jeunesse chinoise est finalement un beau prétexte. Celui d'avoir le luxe de filmer un pur mélodrame avec des allures juvéniles tout en captant un air du temps qui lui correspond et dont il est nostalgique pour sa vitesse. Mêlant le style et les genres comme il mixe la pop américaine à la pop chinoise, il témoigne que sa plus grande liberté acquise c'est celle de pouvoir aujourd'hui filmer une histoire vieille comme le monde et le cinéma : « boys meet girls ». Une jeunesse chinoise
De Lou Ye
Avec Hao Lei, Guo Xiaodong, Hu Ling
Sortie en salles le 18 avril 2007© Océan Films
- Exprimez-vous sur le forum Une jeunesse chinoise
- Lire le fil asie sur le blog cinéma