Première
par Gérard Delorme
On serait tentés de comparer Hitoshi Matsumoto à Takeshi Kitano parce que tous deux ont un parcours similaire : des débuts dans le manzai (une forme de comédie qui se pratique en duo), la consécration à la télé qui a fait d’eux des stars, puis le passage au cinéma. La ressemblance s’arrête là, Matsumoto pratiquant une forme d’humour inédit, mélange de pantomime inquiète et de délire surréaliste extravagant. Après deux films restés inédits en France, il met un peu d’eau dans son saké et vise un public plus large avec ce Saya Zamuraï, où cohabitent douceur et cruauté, humour et tristesse, spectacle public et drame intime. Mais, passé une mise en place un peu mécanique, rien n’est jamais prévisible, ainsi que le révèle la relation entre le père et sa fille de 8 ans : autant le samouraï édenté est immature et incapable, autant sa gamine est volontaire et fait avancer l’action. Et plus le personnage paternel échoue, plus il s’attire la sympathie d’une population qui, contre toute attente, prend fait et cause pour lui. Jusqu’à présent, Matsumoto avait toujours joué le rôle principal dans ses films, exploitant son talent burlesque proche de celui de Buster Keaton. Cette fois, un empêchement l’a obligé à se faire remplacer par un comédien occasionnel, ancien SDF, qui incarne idéalement le samouraï cabossé. Loin d’être répétitifs, ces sketches représentent un catalogue varié des différentes formes d’humour japonais. Matsumoto, c’est sa grande force, arrive à surprendre en provoquant simultanément le rire et les larmes.