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Pour son premier long métrage, Saïd Hamich (coproducteur du Much loved de Nabil Ayouch) s’aventure sur un terrain ô combien miné : la question de l’identité et des communautarismes. Mais en lieu et place du flot de théories répétées en boucle jusqu’à l’épuisement sur ce sujet, il fait le –bon- choix de le traiter en partant d’une situation concrète. En l’occurrence, le retour de Nassim, trentenaire vivant à Abu Dhabi avec sa fiancée américaine, à Bollène où il a grandi. Un retour aux sources qui ne sera pas de tout repos. D’abord parce qu’il entretient des rapports complexes avec sa famille, et tout particulièrement son père à qui il n’adresse plus la parole. Mais surtout parce qu’il ne reconnaît pas l’ambiance de cette ville du sud de la France et certains de ses amis d’enfance, contaminés par la montée en puissance de l’extrême-droite et son rejet de la communauté maghrébine à laquelle il appartient. Hamich raconte les tiraillements de cet homme entre ce passé qui l’a construit mais qu’il a fui et ce présent où il se sent étranger à ses origines pour autant de bonnes que de mauvaises raisons. Rien n’est jamais tout noir ou tout blanc dans ce récit et Retour à Bollène séduit précisément pour sa capacité à évoluer dans ce gris où se mêlent harmonieusement l’intime et le général, les liens familiaux et les engagements sociétaux. Et, de fait, à ne jamais s’enferrer dans la pure réflexion cérébrale distante pour oser se confronter à des moments émouvants voire poignants. Le tout en un peu d’une heure orchestrée sans longueur inutile. Un grand film politique, aussi pertinent que sensible.