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Le choix des maux. Au fil d’une intrigue volontairement sinueuse dont il vaut mieux ne rien révéler, Martyrs se définit d’abord par ce qu’il n’est pas : il ne cherche ni à flatter les bas instincts comme Saw ni à punir comme Funny Games. C’est plutôt un film ambitieux et théorique, une méditation extrémiste sur le thème de la souffrance consentie pour accéder à un degré supérieur de conscience. Opérant dans un genre dont il ambitionne de pousser les limites, Pascal Laugier atteint une intensité qui lui a presque valu une interdiction aux moins de 18 ans. Pourtant, sa conception du martyr (celui qui voit, celui qui témoigne) est liée à sa propre vision, excessive et romantique, de la condition de l’artiste : créer, c’est voir, et pour voir, il faut souffrir. Comme tous les films aux partis pris extrêmes, Martyrs va diviser les spectateurs, exactement comme sont divisés ses deux personnages principaux face à l’épreuve, entre révolte et acceptation. À vous de choisir.
Toutes les critiques de Martyrs
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Le JDDpar Stéphanie Belpêche
Le film de Pascal Laugier est ultraviolent, mais pas plus que les récentes saillies gore du cinéma français. Dès le début, le réalisateur se donne bonne conscience en évacuant toute dimension sexuelle. Les victimes sont torturées, jamais violées. Passée cette pudibonderie étonnante, le principal problème de Martyrs est qu'on s'y ennuie ferme. Les scènes s'étirent et se répètent, plombant de façon irrémédiable l'électrochoc espéré.
- Paris Matchpar Alain Spira
Ce film malsain et crétin devrait être, tout simplement, déconseillé aux êtres encore humains. Provoquer peut être un art à condition d'être un artiste. Encore une fois, le problème n'est pas que certaines scènes soient un supportables de violence et de cruauté. Après tout, c'est ce que l'on demande à un film gore. Ce qui est impardonnable, c'est l'ineptie d'un scénario prétentieux aux relents misogyno-religieux. N'est pas Haneke ou Cronenberg qui veut.
- Fluctuat
Après le déjà pas très bon Saint-Ange, Pascal Laugier tente sa seconde chance avec Martyrs, film extrême et ultra violent précédé d'une réputation sulfureuse avant même sa sortie. Verdict ? Mouais.Attention, film choc. Quand on dit ça, c'est fini, peu importe le pour le contre, l'énoncé a déjà grillé la possibilité de provoquer quoi que ce soit. Et dans le genre, Martyrs tient le haut du panier. Pour l'histoire, le film fut sauvé in extremis cet été d'une interdiction aux moins de 18 ans. Quelques émissaires culturels d'état, suite au barouf suscité par l'enthousiasme des spectateurs lors des projos au dernier marché du film cannois, ont donc finalement décidé de lui donner son passeport. Le film n'est évidemment pas à l'image de sa sulfureuse réputation, ni de cette tornade dans un verre à saké qui rappelle l'affaire autour de Baise-moi. Il faudra penser à offrir à Pascal Laugier un recueil de photographies des camps de concentration. Sa fascination pour l'esthétique tortionnaire et les corps meurtris qui vont avec étant le motif central d'un film qui ne cesse de les empiler. C'est non pas la complaisance ou la quête du libre arbitre qui gêne ici, mais le ridicule cimenté dans chaque plan où transpire une volonté besogneuse de l'excès. Martyrs n'est qu'une démonstration d'ultra violence grossièrement camouflée derrière une parabole semi abstraite sur la monstruosité et la transfiguration. Une succession de scènes limites qui s'autodétruisent dans leur procédé d'intention.Inutile de convoquer Salo de "pier paolo pasolini" rec="0" ou de citer "dario argento" rec="0" comme ce brave Laugier se fendant d'une dédicace au générique. Martyrs et sa plastique seventies froide et crado, ses souvenirs de films d'exploitation nazis, son psycho-trip harnaché sur une structure gigogne où ressuscite un clone d'[people rec="0"]Alice Sapritch[/people], est un film propre et inoffensif. Certes on voit une fille se faire torturer pendant près de vingt minutes ; oui Laugier invente des visions extrêmes à flanquer la nausée, mais jamais ce fatras n'excède le plaisir coupable et sans bavures. De son ouverture grandiloquente aux espaces artificiellement chargés d'un surplus théorique abscons, du titre échappé d'un survival horror Playstation à son générique stylisé, le film n'est qu'une petite machine bien huilée, juste bonne à déranger des pigeons égarés. La prétention de l'engin, qui n'évite pas d'opter pour les grandes références dico à l'appui, est à l'image de son auteur : faux modeste et cinéphile en quête de légitimité dans une France embarrassée avec le genre. Sa surenchère graphique n'est jamais à la hauteur de sa prétendue radicalité, et toute cette violence laisse indifférent. Martyrs n'est qu'une série Z débile, bruyante, laide et ennuyeuse.MartyrsDe Pascal LaugierAvec Mylène Jampanoï, Morjana Alaoui, Catherine BéginSortie en salles le 3 septembre 2008 - film interdit aux moins de 16 ansIllus. © Wild Bunch Distribution - Exprimez-vous sur le forum cinéma- Lire les fils horreur et gore sur le blog cinéma