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James Marsh a le goût des personnalités « bigger than life ». Voilà 10 ans, Le funambule montrait le français Philippe Petit évoluant sur un fil entre les deux tours du World Trade Center. Plus près de nous, Une merveilleuse histoire du temps dressait le portrait de Stephen Hawking, devenu un scientifique majeur en dépit d’une sclérose qui l’affaiblit un peu plus chaque jour. Avec Le jour de mon retour, le Britannique met en lumière Donald Crowhurst. Un homme d’affaires anglais féru de voile qui, pour sauver son entreprise – et par ricochet sa famille - de la faillite, décida en 1968 d’entreprendre un tour du monde en solitaire en participant au Golden Globe Challenge. Au cœur de l’océan, son impréparation lui sera vite fatale. Mais son incapacité à assumer les conséquences d’un échec le poussera à suivre le précepte de L’homme qui tua Liberty Valance : faire imprimer la légende puisque celle-ci dépasse allègrement la réalité. Alors, certes, ce Jour de mon retour souffre d’une facture trop scolaire et d’une propension à surligner inutilement les choses. Mais cette histoire d’imposture pas comme les autres a pour elle sa modestie affirmée. Ce refus de l’épate qu’on retrouve dans l’interprétation remarquable de Colin Firth et qui donne naissance à un récit poignant sans jamais succomber au chantage émotionnel. Qu’est-ce qu’un héros ? Celui qui triomphe des obstacles ou celui qui échoue avec superbe ? En explorant les contradictions de Crowhurst sans jouer les procureurs ou les avocats, Marsh signe une réflexion pertinente sur des thèmes qui n’ont pas pris une ride en cinquante ans.