-
Paris, la nuit est un cliché cinéphile. Il n’est bien sûr pas interdit de se plonger dedans à défaut de s’y vautrer à pieds joints. Frédéric Farrucci, dont c’est le premier long métrage, évite la redondance en s’intéressant à des personnages inédits dans le cinéma français. Soit ici, Jin, un chauffeur de VTC d’origine chinoise, pris au piège d’un réseau mafieux qui scrute ses moindres faits et gestes au volant de sa voiture et lui interdit toute errance. Ce monde invisible avec ses codes ultra-violents faits d’intimidation, de dépendance éco- nomique et physique, où l’intimité est forcément bafouée, possède une force documentaire évidente. Le cinéaste en a parfaitement conscience mais préfère habiller son récit de tous les atours du film noir : ballet de berlines rutilantes, festival de tronches patibu- laires, boîtes de nuit plongée dans une brume de néons... La femme fatale ne va d’ailleurs pas tarder. Et Jin (Guang Huo) va croiser dans son rétroviseur le regard de Naomi (Camélia Jordana), une jeune strip-teaseuse. L’amour, on l’aura compris, est condamné d’avance. Ces amants de la nuit, prisonniers de leur condition respective, n’ont pas d’autre choix que de fuir. Quitter la nuit pour le jour en somme.