-
Un peu noyé dans la pléthorique programmation cannoise, "La Belle Jeunesse" a pourtant été l’un des chocs majeurs de la section Un certain regard cette année. Derrière l’ironie du titre, c’est à un constat terrifiant qu’aboutit Jaime Rosales en contemplant avec compassion la lente atomisation de son jeune couple d’amoureux frappé de plein fouet par la crise. Ce survival économique et sentimental prend le pouls de l’époque, entre dérive criminelle et recours au porno amateur pour ne pas crever, jusqu’à un final en forme d’estocade.
Toutes les critiques de La Belle Jeunesse
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
-
Faisant le constat d’un gâchis à l’échelle européenne, le cinéaste constate, certes, mais sans oublier d’aimer ses personnages à qui il a offert la chair de deux jeunes acteurs formidables. "La Belle Jeunesse" est une oeuvre à la pertinence remarquable, un coup de foudre !
-
Un film âpre, inventif et courageux. On aura rarement vu une œuvre qui affronte à un tel degré de réalisme l’amer scandale de la pauvreté (...) Il ne fait enfin aucun doute qu’on tient avec "La Belle Jeunesse" un des meilleurs films sur la crise actuelle.
-
Agencés dans une construction qui rattache le destin des personnages à celui de l'Espagne tout entière, les plans de Rosales, dépouillés et rigoureusement cadrés, créent une impression de vérité saisissante. Le récit est entrecoupé de deux épisodes (la grossesse de Natalia et son installation en Allemagne) conçus comme des assemblages anarchiques de SMS, selfies, fenêtres de chat multiples, qui bricolent un récit express, ludique, à plusieurs voix. Cette forme originale accueille tout aussi bien la force violente du destin que façonne la crise économique actuelle, et qui vous laisse, à la fin du film, à terre.
-
Un message plein d'empathie et d'amertume du réalisateur Jaime Rosales, qui a eu une belle trouvaille de mise en scène pour résumer des instants de vie de cette génération 3.0, en faisant défiler à l'écran chats, selfies et autres photos prises d'un smartphone. Instantanés d'un bonheur éphémère, auquel on voudrait croire malgré tout.
-
D’une façon générale, Rosales contrebalance systématiquement le caractère banal et répétitif de ce qui est raconté par un art de l’ellipse et de la rétention d’information parfaitement dosé, montrant qu’il respecte autant ses personnages que le spectateur. C’est ce qui fait toute la différence.
-
Malgré un aspect poseur un peu irritant, ce film recèle assez d'énergie et de sincérité pour emporter l'adhésion. On ne peut pas rester indifférent devant ces tranches de vie coupées au scalpel.
-
Ingrid Garcia Jonsson illumine tout le film de sa beauté sans apprêt, tonique et délicate à la fois. Jaime Rosales décrit le saccage de la jeunesse par une société écrasante (...) avec une précision douce et une caméra sensible.
-
Malgré son récit d’élans entravés, "La Belle Jeunesse" est plus stimulant que déprimant grâce à ses acteurs éclatants et au regard de Rosales, à la fois maîtrisé et questionnant, rigoureux mais ouvert à l’incertain, distancié mais laissant affleurer l’émotion, entre réalisme pialatien et stylisation sobre.
-
Un film sec, tranchant et jamais misérabiliste, sans pour autant être dépourvu de douceur. Jaime Rosales évite toujours de malmener le spectateur et laisse systématiquement tout acte de violence hors champ. Cette pudeur ne fait qu’amplifier la portée de son film.
-
Le réalisateur Jaime Rosales manie aussi avec joliesse les silences, qu’il sait faire durer, sans pesanteur pour autant. Rythmé et énergique, bien servi par un couple d’acteurs convaincants et rayonnants, La Belle Jeunesse séduit (...) Malheureusement, la seconde moitié du film se perd en effet dans le prévisible : de la galère, des disputes aux arguments rebattus…
-
Derrière la multiplicité de sa forme et le poignant réalisme qui en ressort, le film se perd pourtant dans des trivialités répétées. Pourtant, l’esthétisme accordé à la réalisation, son silence oppressant et le profond naturel qui se dégage des acteurs font de "La Belle jeunesse" un drame social lumineux, ancré dans une réalité à la fois sinistre et réjouissante.
-
Sans plus aucune volonté: telle est la jeunesse que dépeint le cinéaste, talentueux représentant de la nouvelle vague de réalisateurs espagnols, dans son dernier film. Avec des problèmes, mais sans débrouille à proposer pour les contrer. Avec un humour qui s’est fait la malle. Le tour de force, dès lors, est de nous les rendre proches, ces jeunes de vingt ans déjà passés du côté sombre. Chose faite, dans La Belle Jeunesse: malgré l’absence de musique, le scénario un peu déjà vu… on suit, et on tient.
-
Jaime Rosales montre encore une fois ses talents pour s’approcher au plus près du réel et observer ce qu’il contient de plus banal mais aussi de plus tragique. Les sentiments ont du mal ici à se détacher de cette forme si directe, mais qui ne manque pas d’impertinence.
-
Cette "belle jeunesse" moderne semble flotter dans un vide à la fois angoissant et doux, que Jaime Rosales souligne par des plans superbement composés : la peau lumineuse des jeunes amants contraste avec la grisaille du décor et le contexte économique dans lequel ils se débattent.
-
Quelque chose de déplaisant passe dans cette fiction de gauche, notamment dans sa façon de montrer que la sexualité est à la fois la cause des difficultés du couple (avec l’arrivée surprise du bébé) et leur seule planche de salut économique (ils gagnent 600 euros en tournant une scène porno).
-
Ingrid Garcia Jonsson et Carlos Rodriguez ne sont pas sans insuffler à "La belle jeunesse" charme et insouciance (...) Mais le socle scénaristique est trop fragile pour tenir la distance d'un long métrage. Car Jaime Rosales ne leur promet rien de mieux. Et c'est bien triste.
-
Une chronique froide et amère de la condition adolescente aujourd’hui, pour qui Jaime Rosales ne semble envisager aucun lendemain ensoleillé, ce qu’il affirme dans son plan ultime qui tombe comme un couperet.
-
Avec son sujet sociétal, Jaime Rosales assène quelques moments forts sur l'époque et la jeunesse sacrifiée mais son film pèse trois tonnes, cédant à des coquetteries visuelles clinquantes enfermant, et condamnant incidemment, ses deux personnages dans l'impasse d'une époque sans pitié.