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(...) Serge Bromberg a mené un travail d’enquête minutieux pour comprendre le destin peu ordinaire de ce qui s’annonçait comme le chef-d’oeuvre ultime de Clouzot. Le résultat est étonnant. On y découvre non seulement des images inédites d’une Romy Schneider au top de sa beauté, mais aussi les témoignages de techniciens qui, cinquante ans plus tard, analysent comment le projet s’est peu à peu délité pour s’arrêter brutalement. (...)L’approche, pédagogique, permet une plongée passionnante au coeur de la fabrication d’un film.
Toutes les critiques de "L'Enfer" d'Henri-Georges Clouzot
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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D'une beauté stupéfiante, ces images laissent imaginer le chef-d'oeuvre promis par Clouzot. Voyage au bout de sa folie...
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Dans ce film culte, Clouzot poursuivait un rêve à mettre au fronton du cinéma. Peut-on modifier le rapport photographique du septième art avec la lumière ? Le mystère reste entier...
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Outre de reconstituer l'ambiance particulière du tournage, l'intelligence du travail de Serge Bromberg est de souligner la manière dont L'enfer cristallisait toutes les obsessions formelles, thématiques mais aussi sexuelles de son auteur. Une sorte de chaînon manquant, et donc indispensable, à l'appréhension globale de l'œuvre de cet immense cinéaste.
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(...) ce documentaire peut-être un peu trop académique, un peu trop sage, mais essentiel et époustouflant par ses images à la modernité incroyable, ses témoignages drôles, fascinés ou agacés et la sensation que l'on a en le voyant d'être passé à côté d'une bombe.
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Au sortir de L’enfer d’Henri-George Clouzot, la sensation d’avoir assisté à un grand film est tenace. Clouzot n’avait pas réussi à donner forme à L’enfer. Serge Bromberg et Ruxandra Medrea, grâce à un rigoureux travail documentaire et de restauration, ont réussit à le faire exister. Dans cet esprit, les cinéastes participent à la conservation du patrimoine cinématographique français et nous livrent une œuvre empreinte de l’esprit du réalisateur des Diaboliques, enrichie de leur regard passionné sur Henri-Georges Clouzot.
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C'est un documentaire sur un naufrage cinématographique qui se clôt par l'infarctus du grand Henri-Georges Clouzot. A force de devoir être exceptionnel, cet Enfer n'a jamais vu le jour.
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En 1964, Henri-Georges Clouzot tourne L'Enfer, drame de la jalousie interprété par Romy Schneider et Serge Reggiani. Après trois semaines de prises de vue, toute l'équipe jette l'éponge. Quarante-cinq ans plus tard, Serge Bromberg persuade Inès, la veuve du réalisateur, de lui confier les quinze heures d'images mises en boîte. Plans magnétiques où Romy Schneider se révèle à l'apogée de sa sensualité, lecture d'extraits du scénario et témoignages de collaborateurs émaillent ce documentaire fascinant sur le naufrage d'une oeuvre qui aurait pu se révéler exceptionnelle.
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Préambule important : ce film-là n'est pas la version inédite de L'Enfer, oeuvre inachevée d'Henri-Georges Clouzot (1964), dans laquelle un homme sombrait dans la folie par jalousie. Cet Enfer d'Henri-Georges Clouzot est un docu en forme de reconstitution de ce que furent la préparation et le tournage d'un film qui tourna réellement à l'enfer pour Clouzot. Serge Bromberg, infatigable chercheur de pellicules perdues a intelligemment mêlé essais techniques (délirants) et artistiques, scènes effectivement tournées et reconstitution (de simples lectures du scénario) des séquences manquantes. Résultat : un film à part entière qui peint, en creux, le portrait d'un homme perdu dans sa propre démesure (Clouzot).
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[..] Cette fatalité en marche est le fil rouge captivant du documentaire de Bromberg et Medrea : montrer l'enfermement progressif d'un cinéaste à l'intérieur de sa création, perdant pied jusqu'à se confondre avec son personnage masculin. Dans cette bérézina, reste un trésor à sauver : Romy Schneider. Délaissant ses aventures en crinoline, l'ex-Sissi débute alors une autre carrière, en France. Elle a déjà tourné avec Welles (Le Procès), Cavalier (Le Combat dans l'île). Mais L'Enfer consacre son avènement. Elle y est triomphante et vénéneuse. Adulte et moderne. Lorsqu'elle fixe son regard sur nous, impossible de ne pas devenir à notre tour comme Marcel : raide dingue amoureux.
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Principal objet de l'expérience : Romy Schneider transformée en matière malléable à merci, surface de projection pulsionnelle à haute teneur érotique. Romy Schneider, telle que jamais on ne l'a vue : ligotée, dégradée, répulsive, fascinante, dominatrice, fragmentée, scintillante, hybridée, peinte de la tête aux pieds, captive d'un démiurge qui la soumet à ses plus folles visions. Serge Bromberg a choisi de rester au plus près de cette histoire, ce dont il s'acquitte parfaitement. On ne lui contestera pas ce choix, quand bien même on pourrait regretter qu'il n'ait pas voulu élargir le cadre. On aurait aimé en savoir un peu plus sur le parcours de Clouzot, sa place dans le cinéma français, l'émergence de la Nouvelle Vague dans les années 1960, voire la filiation paradoxale de L'Enfer, qui fut tourné en 1994 par Claude Chabrol et emmené dans une tout autre direction.
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Rieuse, mystérieuse, sensuelle. Couverte de paillettes, le corps huilé, maquillée de bleu, enveloppée de fumée, attachée nue sur des rails, en robe d’été, en maillot de bain, marchant dans les rues, à ski nautique ou bien lasse : belle à couper le souffle, Romy est la raison majeure de découvrir « L’enfer » d’Henri-Georges Clouzot recomposé par Serge Bromberg et Ruxandra Medrea. A partir des 165 bobines du film, il en raconte la genèse, montre des extraits, y ajoutant des interviews de protagonistes de l’époque et des scènes lues par les comédiens Jacques Gamblin et Bérénice Bejo. Le réalisateur de « Quai des orfèvres » et de « L’assassin habite au 21 » se lance en 1964 dans un film dont le sujet est la jalousie maladive d’un homme (Serge Reggiani), une psychose qui déforme ses univers visuel et sonore , que Clouzot entend montrer à l’écran. Avec un budget illimité alloué par la Columbia fascinée, il multiplie les expérimentations : sur la couleur, sur le son, l’art cinétique. Les essais n’en finissent plus, Clouzot n’est jamais satisfait. Reggiani est le premier à craquer, suivi par Clouzot qui fait un infarctus. Fin de l’histoire. Les films inachevés, perdus, retrouvés bénéficient d’une aura mythique : après 45 ans de purgatoire, « L’enfer » n’échappe pas à la règle, nous laissant à la fois admiratifs et frustrés.
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Il est tout de même un gros angle mort ici : l'adaptation du scénario de l'Enfer trente ans plus tard par Claude Chabrol, que le documentaire laisse totalement de côté. Oubli curieux, pour un des très bons films du cinéaste, dont l'apparente retenue ouvrait sur une dimension métaphysique et fantastique d'autant plus puissante qu'elle restait invisible. Comme si Bromberg et Medrea avaient besoin de ce déni pour souligner le caractère inédit, maudit, du film qu'ils viennent de dénicher. Comme s'ils n'osaient s'avouer que tout le fatras décoratif du film de 64 pesait finalement peu face à l'angoisse chabrolienne et l'épure absolue de son expression.
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Captivant! A la source de ce documentaire captivant, un trésor : treize heures d’images inédites qui racontent l’histoire d’un long-métrage jamais achevé. Avec « l’Enfer », Clouzot n’ambitionnait rien de moins qu’une révolution !