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Le principe de L'Ombre du commandant est fascinant : parler au fils et au petit-fils de Rudolf Höss, le commandant d'Auschwitz -et personnage principal de La Zone d'intérêt de Jonathan Glazer, comme le rappelle le marketing de ce documentaire (en mode : « vous avez vu le film, découvrez l'histoire vraie »). C'est toujours utile à voir, mais à l'arrivée, le film de Daniela Völker est un de ces docus à l'américaine, très « History Channel », aux effets appuyés, au rythme d'un mélodrame (une bonne partie du film concerne aussi la fascinante Anita Lasker-Wallfisch, « la violoncelliste d'Auschwitz » et sa fille tourmentée). On peut par exemple débattre de l'utilité de cadrer la fumée d'une cigarette, alors que l'on vient d'évoquer celle qui sortait des cheminées des camps de la mort. C'est ce genre d'effets qu'utilise aussi Glazer dans son film (le cigare de Höss qui se superpose aux vapeurs du train d'Auschwitz), et qui font un peu dérailler le projet. Projet qui reste fascinant, ceci dit, moins dans son rappel de l'horreur du passé que dans l'exposition des ténèbres qui traînent encore aujourd'hui : lorsque la fille de Höss, Puppi, ancien mannequin pour Balenciaga dans les sixties devenue une aimable vieille dame vivotant sur la Côte Est américaine, se demande bien pourquoi il y a eu autant de survivants de la Shoah (« ils touchent de l'argent de l'Allemagne, et d'associations juives... »). Ou bien quand on voit le petit-fils de Höss, Kai, devenu un charismatique pasteur utiliser son terrible héritage familial pour prêcher la bonne parole auprès des soldats d'une base américaine... Des zones d'ombre que le film frôle, mais semble éviter.
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