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Terry Gilliam ne s’en cache pas : L’Imaginarium du docteur Parnassus est un florilège de ce qu’il sait faire de mieux, invoquant les séquences animées des Monty Python, la folie bariolée des Aventures du baron de Münchausen, les errances nocturnes de Fisher King, jusqu’aux contes inquiétants des Frères Grimm. (...) ... Parnassus possède l’énergie d’un gamin capable de jouer toute une après-midi avec deux bouts de carton. C’est une fantasmagorie ludique, débordante d’imagination, aux séquences oniriques sublimes.
Toutes les critiques de L'Imaginarium du docteur Parnassus
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Il est impossible de ne pas songer au réalisateur face à ce héros charmeur et fatigué en quête de public. La splendeur visuelle et la sensibilité à fleur de peau de son film donnent à penser que l'Imaginarium du Docteur Parnassus est aussi celle de Terry Gilliam : on y trouve à la fois des pensées adultes et des rêves d'enfants.
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Terry Gilliam signe ainsi une oeuvre, produite pas sa fille Amy Gilliam elle-même, puissamment empreinte de sens (du point de vue étymologique), de symbolisme (du point de vue psychanalytique, notamment), et donc digne du septième Art. Puisque, en tant qu'oeuvre artistique, le film ne répond pas commercialement à un simple besoin de consommation par la distraction, mais porte un vrai message identitaire à destination du public. Tout comme Brazil.
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Le tour de magie réalisé par Terry et ses comédiens (Johnny Depp, Jude Law, Colin Farrell) est digne des plus grandes prouesses de Mandrake. Le jeune Andrew Garfield est ahurissant de justesse aux côtés d'un monstre consacré tel que Christopher Plummer. Lily Cole, une intrigante et ravissante op-modèle rousse, tire un trait sur l'apparition divine d'Uma Thurman dans le baron. sa fraîcheur n'a d'égale que son talent. L'ami Tom Waits et Verne Troyer assurent comme des malades. Vous l'aurez compris, le film se suffit à lui-même. C'est un jouet extraordinaire qui fait beaucoup plus que crac-boum-hue. J'en tombe à mes genoux.
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(...) Terry Gilliam, bateleur forain, philosophe indien, adversaire éternel du diable, véritable M. Loyal d'un cirque informel, déroule pour le bonheur de celui qui sait l'accompagner un conte merveilleux, à la structure de boîtes gigognes ou de poupées russes. Il sait nous éblouïr sans jamais être arrogant, et nous emmener dans son voyage initiatique magique.
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On aurait tort de voir dans ce plaidoyer pro imaginaire une proposition trop complaisante et débouchant sur une défense facile de l'onirisme. Elle soutient avec constance un plaisir du jeu, de l'artifice comme nécessité existentielle, que le film restitue par ces visions illuminées qui ont fait le succès de Gilliam. Malgré sa structure parfois relâchée et peinant à optimiser toutes les potentialités du récit comme de l'imaginarium, le film retrouve l'ampleur délirante d'un Bandits, bandits. Ses envolées hallucinées mêlant carton-pâte et digital façonnent une série d'images dont le kitsch réactualise l'esthétique artisanale dont s'inspire le cinéaste. Nulle laideur donc dans l'emploi des couleurs, des motifs ou le caractère littéral des visions de ceux voyageant dans l'imaginarium, plutôt une adéquation formelle de l'œuvre de Gilliam.
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Il y a, par-ci, par-là, quelques longueurs et le film tarde un peu à démarrer. Mais, à l'heure des effets spéciaux à tout-va, Gilliam est le seul à mettre de la poésie dans la science-fiction. L'imagination et le rire sont plus forts que les extraterrestres.
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Le film est à l'image de son personnage principal, quelque part entre désespoir total et promesses de folies incongrues. L'intrigue principal importe peu, l'essentiel tient dans la peinture de cet univers à la fois immortel et moribond. (...) le magicien n'a rien perdu de sa malice : ce fieffé menteur est toujours capable de faire passer des vessies pour des lanternes, et des défaites cuisantes pour des happy-ends...
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[...] Avec le concours de trois pointures, Johnny Depp, Jude Law et Colin Farrel, il boucle avec maestria cette folle histoire de miroir magique et de pacte diabolique. Entre fable satirique et conte philosophique, une plongé fantastique dans l'imaginaire délirant d'un metteur en scène hors-normes.
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Dans ce conte fantastique un brin barré, on retrouve le meilleur du cinéma excentrique et unique de Terry Gilliam: les collages animés des Monty Python, l’atmosphère fantasmagorique de Brazil, l’univers visuel foisonnant des Aventures du baron de Münchausen, la poésie drolatique de Fisher King… Le cinéaste offre au regretté Heath Ledger un dernier rôle touchant: celui d’un Polichinelle lunaire et burlesque. Grâce à un montage ingénieux, Gilliam fait oublier que l’acteur n’a tourné que la moitié du film. Un formidable tour de magie.
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S'il fallait un signe de la joie de filmer retrouvée de Gilliam, on ira le chercher dans la parenté étroite entre ces mondes digitaux et les fantaisies en papier découpé qu'il réalisait pour les shows télévisés du Monty Python Flying Circus : même liberté dans les formes, même irrévérence dans le dessin. Ces dernières années, Terry Gilliam a dû composer avec les studios (pour Les Frères Grimm, en 2005) ou s'est laissé aller à ses tendances morbides (Tideland, 2005). Cette fois, il retrouve un bel allant dans le récit et sa faculté à faire surgir des personnages délirants. [...] Et puis, il y a les trois remplaçants d'Heath Ledger (mort le 22 janvier 2008 avant la fin du tournage) : à chaque fois que Tony pénètre dans sa propre imagination, il prend un visage, celui de Johnny Depp, puis ceux de Jude Law et Colin Farrell. Cet expédient se transforme en une belle invention de cinéma, et L'Imaginarium du docteur Parnassus se termine sur ce joli carton : "Un film des amis de Heath Ledger".
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Quel ébouriffant voyage au pays des merveilles, quelle odyssée onirique et diabolique nous offre le génial Terry Gilliam !
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(...) L'imaginarium du docteur Parnassus part en tout sens, consacre trop de temps à certaines intrigues, pas assez à d'autres. La direction des acteurs est tout aussi déséquilibrée, la superbe prestation de Ledger côtoyant les improvisations soûlantes d'Andrew Garfield. Ce qui nous ramène en fin de compte au noeud du problème : doit-on préférer une matière calibrée, consommable et potentiellement sans âme à un langage imparfait, mais libre ?
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Mort en plein tournage, l’Australien Heath Ledger joue son dernier rôle dans cette fable délirante. Elle dénonce un monde cynique et consumériste.
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par Yann Lebecque
(...) jamais nous nous trouvons immergés dans la magie conscients d'être des spectateurs extérieurs d'un film dans lequel, aussi beau soit-il, on ne pénètre jamais. Ne reste alors que l'attachement sincère que l'on éprouve pour Gilliam, avec son univers si particulier et reconnaissable en un clin d'oeil, sa sincérité de poète. De quoi attendre avec impatience son prochain film en espérant que, cette fois...
Cela vous rappelle quelque chose ? Voilà le hic. Pour la première fois, Gilliam se répète. Son docteur Parnassus est un cousin fatigué du baron de Münchhausen, les SDF des rives glauques de la Tamise évoquent les clochards de Fisher King, le monde parallèle et féerique s'inspire des voyages dans le temps de Bandits, bandits. A l'impression de déjà(et mieux)-vu, s'ajoute le douloureux problème des effets spéciaux numériques, dont l'indigence - vu le budget limité - saute aux yeux. Même bancals, les films de Gilliam se rachetaient toujours par l'époustouflante poésie des décors. Ce n'est même plus le cas, ici. Et si l'on en croit la fameuse loi de Murphy, qui semble, hélas, régir la carrière du réalisateur de Brazil, le pire est à venir...