Toutes les critiques de Jersey Affair

Les critiques de Première

  1. Première
    par Perrine Quennesson

    Ceux qui ont eu la bonne idée de regarder la mini-série Guerre et Paix diffusée sur la BBC reconnaîtront immédiatement le minois faussement revêche et la voix subtilement rauque de Jessie Buckley. D’ailleurs dans Jersey Affair, l’actrice irlandaise de 28 ans, joue une jeune femme proche de celle qu’elle incarnait dans l’adaptation de Tolstoï. Soit un être au bord de l’implosion, soumis à un environnement familial étouffant, l’empêchant de déployer son potentiel. Au contact du fruste et mystérieux Pascal, un véritable indigène de Jersey, la jeune Moll va goûter à la liberté, au grand dam de sa famille de bourgeois coincés. Mais un tueur en série sévissant sur l’île risque de mettre à mal ce nouvel élan. Thriller en sourdine, Jersey Affair déploie, comme une grenade qui exploserait au ralenti, un jeu du chat et de la souris tendu et menaçant. A la fois esquintés et séduisants, les deux personnages centraux ressemblent à leur environnement, un paysage accidenté, attirant mais soumis aussi à des vents puissants. Bien qu’il pêche parfois par excès de caractérisation de ses protagonistes, Michael Pearce étonne avec cette première oeuvre qui oscille ouvertement entre le mélodrame et l’angoisse, le cinéaste faisant le choix de rester sur le fil, avançant par touche comme un impressionniste du thriller. Si Jersey Affair doit beaucoup au jeu charismatique de Jessie Buckley, cette dernière peut, de son côté, compter sur Johnny Flynn, vu dans la série Lovesick, pour incarner son parfait négatif, entre sensualité passive et inquiétante douceur.