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par Thomas Baurez
Toutes les critiques de Indes galantes
Les critiques de la Presse
Dans Intouchables, il y avait cette séquence à l’Opéra où les manières de Driss (Omar Sy) jurent ostensiblement avec celles de l’assistance majoritairement « blanche » et endimanchée. Plutôt que de renverser le cliché, les réalisateurs du film se vautraient dedans. Ainsi, Driss, conformément à son « statut » de « jeune de banlieue », hurle de rire à la vision du ténor déguisé en arbre. La lourdeur du gag validait – involontairement – un racisme de classe. Ce racisme, Indes galantes de Philippe Béziat, lui tord le cou en célébrant la façon dont des mondes a priori séparés peuvent se marier pour atteindre des sommets de beauté. Ce documentaire suit les préparations du spectacle Les Indes galantes à l’Opéra Bastille en 2019. Le metteur en scène Clément Cogitore a confié à des danseurs issus de la culture urbaine l’interprétation du ballet. Tel Jean- Philippe Rameau s’interrogeant sur la manière dont à la cour de Louis XV on percevait les indigènes peuplant ces Indes lointaines et fantasmées, Cogitore assume devant ses « troupes » partir d’un cliché. L’opéra tend ensuite à bousculer cette perception et « la danse des sauvages », sorte d’acmé émotionnelle et physique du ballet, célèbre autant un métissage possible que la brutalité qui l’a vu naître. Philippe Béziat capte ici avec une grande sensibilité l’énergie et la grâce qui émanent de l’ensemble. A la fin, les plans sur les mélomanes pénétrant dans l’enceinte de l’Opéra montrent que ce genre de « soirée » n’est encore réservé qu’à une élite. Pour autant, sur la scène, c’est bien une prise de la Bastille qui a lieu