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Danfung Dennis s'est décidé à réaliser un documentaire « concret », seul moyen, selon lui, de capter l'attention du public. Et donc, muni d'un gilet pare-balles et de son Canon 5D en mode vidéo, il a suivi au plus près un bataillon de marines lors de l'assaut d'un bastion taliban dans le sud de l'Afghanistan. Le résultat donne la chair de poule. On sent les balles siffler. On voit les hommes tomber. Les scènes de combat alternent avec le retour à la vie civile d'un sergent salement blessé. Dégâts sur son corps. Dégâts dans sa tête : ce stress post-traumatique qui ravage les soldats, longtemps après la fin des guerres... Bouleversant.
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La force de Hell and Back Again, c’est qu’il mêle, superpose et fait se télescoper deux histoires, celle de la guerre en Afghanistan et celle du retour à la maison. Nathan Harris s’était engagé, comme il le dit sans honte, «pour tuer». Revenu invalide, il ne lui reste plus qu’un flingue inutile avec lequel il pète parfois les plombs, allant jusqu’à menacer son épouse qui s’est, pourtant, entièrement consacrée à lui. Mais c’est ce désespoir, cette tombée dans l’abîme, qui le rend à la fois pitoyablement et tragiquement humain. Les dieux de la guerre ont foudroyé l’orgueilleux guerrier. Il ne lui reste pour exister que la quête incertaine de la rédemption.
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Il est vrai que le montage comporte quelques faiblesses. L’alternance entre scènes de guerre et scènes de la vie privée est parfois répétitive, et les oppositions ou rapprochements qu’elle laisse entrevoir, trop schématiques. L’ensemble vaut donc moins pour son intérêt esthétique que pour son aspect proprement "documentaire" et pour ce qu’il révèle des contradictions flagrantes de la société américaine.
En effet, même si l’on éprouve une certaine empathie pour Harris, c’est souvent la réserve et l’inquiétude qui l’emportent face au discours de ce dernier, prêt à tout pour retourner combattre. La séquence où il redécouvre le plaisir de la guerre via les jeux vidéos est glaçante, tout comme ces nombreux moments où il se laisse aller à une troublante fascination pour son arme à feu. De ce point de vue, Hell and Back a le mérite de redire combien la guerre a trait à un enracinement profond de la violence auprès d’un grand nombre d’Américains. Et de rappeler combien celle-ci engendre la dépendance aux armes. -
Le cinéaste Danfung Dennis a eu l’occasion, en 2009, d’être embedded dans une unité de marines lors de l’attaque aéroportée contre un bastion taliban, en Afghanistan. L’affaire se transforme vite en cauchemar absolu : l’ennemi est déterminé, la population, hostile. Le sergent Nathan Harris reviendra de là-bas gravement blessé, et tentera de se réinsérer dans la vie civile. Mais est-ce encore possible ? Ou bien, comme l’annonce le titre, c’est "L’enfer, encore et encore" ? Le film est poignant, aigu. On a vu ce sujet traité après la guerre de 40 ("C’étaient des hommes", de Fred Zinnemann), du Vietnam ("le Retour", de Hal Ashby). Demain, quoi ?
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(...) Un témoignage exceptionnel sur l'horreur du conflit.
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(...) Hell & Back Again, film de témoignage assumé, plutôt réussi, pas si bien pensant.
Hell and Back Again