Première
par Thomas Baurez
Le Hallelujah de Leonard Cohen a-t-il encore des secrets à nous offrir ? La chanson devenue hymne pour mariages, baptêmes, enterrements ou radios-crochet, a tellement été usée jusqu’à l’os que tout fan du ménestrel canadien ne peut plus se la voir en peinture. Les deux réalisateurs de ce documentaire l’envisagent toutefois comme une porte d’entrée pour appréhender l’œuvre de Cohen. Ladite chanson est, en effet, issue de l’album Various Position (1984) qui opère une des nombreuses bascules de la carrière du chanteur. Cohen qui aspire alors à un renouveau après l’expérience bruitiste avec Phil Spector (Death of a Ladies’Man, 1977), se retrouve face au nouveau boss de la Columbia qui retoque l’album et refuse de le sortir aux USA. Séisme. Que s’est-il passé au juste ? Les cinéastes n’ont pas trop cherché à creuser se contentant du discours officiel. Dommage. Le titre Hallelujah, on le sait, finira tout de même par s’imposer via notamment ses nombreuses reprises (John Cale, Jeff Buckley, Shrek...) Le film exploite jusqu’à la lie la postérité d’un titre souillé un peu partout sur la planète (le dernier quart d’heure est franchement pénible) En attendant on aura tout de même remonté chronologiquement la vie et l’œuvre du dandy mystique. Certaines archives, émouvantes, donnent le frisson. La voix profonde et la retenue magnifique de Cohen rendent d’ailleurs caduques les trop sages interventions des proches. Ce Hallejujah, les mots de Leonard Cohen, devrait sûrement plus intéresser les profanes que les aficionados.