Première
par Didier Roth-Bettoni
Une chose ancre le premier film de Lerner dans la réalité où il a été tourné : celle d'Israël sous menace terroriste. Tout y bascule lors d'un attentat perpétré dans une discothèque. Pour le reste, cette nuit à Tel-Aviv pourrait être la nuit new-yorkaise de l'"After Hours" scorsesien ou la nuit parisienne du "Locataire" de Polanski, une nuit fantastique et inquiétante entre errance sans fin et vacillement de tous les repères, identité incluse. Au centre de cette histoire filmée dans un noir et blanc qui ajoute une dimension déréalisante, une jeune femme, Meow, elle-même en marge d'un réel où elle n'a guère d'existence. Elle ne vit que la nuit, n'a ni domicile (elle squatte des appartements à louer), ni travail (elle deale), ni amant (elle préfère la drague virtuelle sur le net). Et le peu qui la raccrochait au réel va voler en éclats... Si "Frozen Days" manque parfois de tension, le réalisateur fait néanmoins preuve d'un beau talent pour installer son récit dans une sorte de quatrième dimension perturbante.