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Desplechin renoue avec l’univers de ces chroniques familiales dont le déchirement constitue le cœur battant de tant de ses films. En l’occurrence donc, ici, un frère et une sœur, mus par une haine réciproque qui, après 20 ans sans se voir, vont être appelés à se croiser au chevet de leurs parents plongés dans le coma après un grave accident. Desplechin renoue ici avec le sens du romanesque qui faisait tant défaut à Tromperie. Dans Frère et sœur, on sourit pour cacher sa peine, on se tait puisqu’aucun mot ne peut traduire la violence de ce qu’on ressent. Et quand soudain, la parole reprend le dessus comme un volcan endormi se réveille, le moment vous scotche de brutalité. Et, pour transmettre tout cela, Desplechin montre une fois encore qu’il est l’un des plus passionnants d’acteurs en France. De Melvil Poupaud à Patrick Timsit, cherchez une fausse note et vous n’en trouverez aucune, dans les familles de cinéma qu’il réunit à l’écran. Quant à Marion Cotillard, elle livre l’une des plus belles partitions de sa carrière où la puissance de son explosivité est en permanence contenue et s’exprime plus dans des éclats de rires ou des regards éperdument perdus que dans des déflagrations impétueuses. Redécouvrir une actrice qu’on pensait connaître par cœur, c’est aussi cela la magie Desplechin.