Toutes les critiques de Fin août, début septembre

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Quand on a trente ou quarante ans, peut-on encore vivre comme à vingt ? La question, si elle n'est pas posée en ces termes, sourd de chaque image, personnage et situation de ce film-miroir scrutant les destinées de protagonistes qui pourraient être nous-mêmes.
    Olivier Assayas les filme au plus près, au plus cru, les accule, en plans serrés, caméra à l'épaule et gros grain blanchâtre à l'écran, à ne pas mentir et surtout se mentir. Car les bougres tentent de se défiler.Adrien, l'écrivain, trompe la mort en compagnie de Véra, la jeunette, qui s'émancipe ainsi, désertant le territoire (protégé ?) de l'enfance. Gabriel, l'ami de l'écrivain, fuit une vie rangée aux côtés de sa douce avec Anne qui s'évade ponctuellement dans une relation sado-masochiste. Seule Jenny, l'élément fédérateur (en dépit des apparences qui confieraient plutôt ce rôle à Adrien), assure une continuité relationnelle entre eux tous. Peut-être parce qu'elle a été fuie. Leurs tribulations se déploient sur la pellicule, le temps d'une agonie, celui également de l'essoufflement de l'intrigue concordant avec la lassitude du spectateur.Finalement, le principal problème de Fin août, début septembre vient de la comparaison que le spectateur ne manque pas d'établir avec Comment je me suis disputé, le film virtuose de Depleschin - qu'on a forcément à l'esprit, dans la mesure où deux des acteurs principaux (Jeanne Balibar et Mathieu Amalric) endossent des rôles similaires dans les deux opus, que leurs thèmes sont sensiblement identiques et que le prinicipe d'une chronologie cyclique est repris.
    Comparaison donc, qui joue en sa défaveur par la faute, primo, d'une esthétique qui oscille entre deux pôles : le dénuement (pragmatique) et la recherche formelle et, deuzio, d'un scénario qui se dissout dans la langueur quelque peu monotone d'une chronique de l'intime dont les situations (rupture, deuil, perte d'illusions de jeunesse, sensées avoir été un jour vécues par tout un chacun) voudraient tellement confiner à l'universel qu'elles sèment en route le particulier/spectateur, dont l'empathie a ses limites.BriscardFin août, début septembre
    De Olivier Assayas
    Avec François Cluzet, Virginie Ledoyen, Arsinee Khanjian
    France, 1998, 1h52.
    - Lire la chronique de Clean.
    - Lire la chronique de Les destinées sentimentales.