-
D’abord, il faut saluer l’audace du projet : un film de science-fiction catalan, doté d’un budget important, et confié à un réalisateur débutant. Le risque était grand, mais il a payé, à en juger par la pluie de nominations obtenues aux Goya et autres récompenses espagnoles. La vraie réussite réside dans la direction artistique, dictée par le souci de faire peu mais bien. Le choix du décor (une ville de montagne recouverte de neige) établit très simplement une singularité dans l’espace et dans le temps. Les rares motifs futuristes (principalement des robots) sont tellement bien intégrés à l’histoire qu’on les remarque à peine. Et les effets les plus mémorables sont les maquettes virtuelles tridimensionnelles que compose le savant lorsqu’il met au point un robot. Seul bémol, un récit qui avance en terrain trop connu, creusant le thème rebattu des rapports entre l’inventeur et sa créature, le tout assaisonné d’une intrigue secondaire sentimentale assez prévisible.
Toutes les critiques de Eva
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
-
par Yann Lebecque
Mike Maillo, pour son premier long (...) signe un oeuvre humaine, alliant avec un même bonheur des personnages attachants et des images étonnantes.
Entre comédie romantique et sciences-fiction, le film séduit par la finesse de atmosphère et le réalisme des effets spéciaux. Sans oublier Daniel Brühl, impeccable.
Beauté des images, qualité d'écriture, formidable jeu des acteurs, Daniel Brühl en tête... ce film de science-fiction intimiste est une réussite.
(...) malheureusement [le cinéaste espagnol] multiplie les incohérences et les fausses pistes, diluant son sujet dans un drame familial.
Il ne s'agit pas de crier au chef-d'oeuvre, mais de mesurer combien, dans l'ombre redoutable du modèle spielbergien qui menace parfois de l'engloutir, un petit film issu de l'école catalane de la série B fantastique est susceptible d'activer toute une féerie électroréaliste qui n'appartient qu'à lui
Les robots dans "Eva" ne sont qu'un prétexte pour oeuvrer de psychologie. Sans être originale, l'idée se révèle intéressante. Et le charme désuet de l'univers rétro-futuriste couplé au jeu des comédiens confèrent un supplément d'âme au récit.
Ce premier long révèle un cinéaste espagnol capable de créer une atmosphère froide et angoissante à la Bienvenue à Gattaca. Mais il se perd hélas dans un scénario confus en jouant sur un faux suspens qui étire la conclusion en longueur.
On peut être séduit par le début du film et sa manière de suggérer visuellement par petites touches que nous sommes dans un future proche (2041) (...) Mais l'intérêt ne tarde pas à tomber, quand les ficelles du scénario se conjuguent avec le portrait manichéen des personnages. Sans parler de l'invraisemblance narrative qu'induit la chute, on aurait préférer que le cinéaste traite de son sujet (...) plutôt que de s'attarder sur les états d'âme post-adolescent de son savant.
Le triangle amoureux est émouvant, l'intrigue SF l'est beaucoup moins.
Scénaristes et réalisateur gèrent avec une certaine aisance ces deux fils narratifs qui forment le principe d'une oeuvre habilement manufacturée.
"Eva" aurait pu être une petite bombe ibère et chic si son metteur en scène, le Catalan Kike Maillo, avait tenu la route séduisante par laquelle il nous fait voyager les quinze premières minutes.
Dommage que l'esthétique glaciale du film nous tienne (trop) souvent à l'écart des personnages.
"Eva" se voudrait du même bois merveilleux que Pinocchio mais manque d'aspérités pour viser plus haut que le divertissement familial, aux effets spéciaux plutôt bien fichus.
Une idée pas forcément très saine, mais qui permet à ce film futuriste de nous offrir une version moderne et détournée de Frankenstein.
Réflexion un peu désuète sur la possibilité de robots dotés d'une âme. Isaac Asimov s'était déjà penché sur la question, il y a fort longtemps. Kike Maíllo l'évoque comme si c'était la première fois dans ce récit d'anticipation languissant. Aussi naïf que sa petite héroïne en manteau rouge, flanquée de son tonton scientifique.
On attendait beaucoup de ce thriller de science-fiction catalan qui revisite gentiment le mythe de Frankenstein. Trop, sans doute, car malgré quelques fulgurances, le récit, qui ne surprend jamais, manque de tension dramatique