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Si ce film est avant tout un thriller ambitieux et complexe, il se présente aussi comme un double devoir de mémoire sur l’Argentine du régime de Perón et sur une romance inaboutie. Juan José Campanella construit efficacement les allers retours entre les deux, mariant thriller politique et comédie romantique avec une aisance suffisante pour que l’on se prenne au jeu. Quoique l’on se prenne surtout au jeu de Ricardo Darín, le « George Clooney argentin », et à celui de Soledad Villamil, qui joue sa supérieure hiérarchique, deux comédiens habitués à la caméra de Campanella et qui sont ici particulièrement remarquables puisqu’ils incarnent, avec la même aisance mais pas de la même manière, leurs personnages à deux âges différents. À eux deux, ces acteurs estompent les claudications d’une intrigue qui s’essouffle à rebondir sans cesse dans une dernière partie ampoulée et interminable.
Toutes les critiques de Dans ses yeux
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Le résultat séduit par sa capacité à mêler subtilement petites et grande histoires, comme La vie des autres, dont il partage aussi le sens de l'émotion digne.
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Le cinéaste s'amuse à brouiller les pistes, à emmêler les fils de l'intrigue en jouant sur les effets de la mémoire, des souvenirs, du temps qui passe. Dans ses yeux est une histoire d'obsession, de vengeance, de justice, d'amour, de regrets avec, en toile de fond, l'Argentine de 1974 et celle de 1999.
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Un film noir sans détective ni femme fatale certes, mais bien plus que cela, car le réalisateur transcende le genre, y ajoutant des éléments romanesques, politiques, oniriques qui font du film une œuvre riche, complète, à l’aura particulière, à l’impact durable. Ricardo Darin (« Neuf reines » et « Khamchatka ») est magnifique, les personnages secondaires intenses, l’écriture solide. Un film riche et émouvant, Oscar 2010 mérité du meilleur film étranger.
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Si cette réussite est l'affaire d'un scénario soigneusement construit donc, elle est aussi le fruit de la parfaite concordance entre différents paramètres. Une distribution bien inspirée d'abord, emmenée par le très charismatique Ricardo Darin. Une mise en scène au service de la narration, classique pour l'essentiel mais marquée ça et là de quelques extravagances bien tombées. Une jongle habile avec les niveaux de réalité (passé et présent, hypothèses et faits avérés, fiction romanesque et réalité brute), effleurés pour donner du relief à l'intrigue, mais sans aller trop loin dans les méandres des possibilités pour ne pas perdre inutilement le spectateur. Et enfin cette infiltration de l'amour dans une histoire policière, qui se fait une place telle que la sentimentalité ne paraît jamais impromptue ou secondaire... Autant dire que tout y est.
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Comme le film d'Audiard, Dans ses yeux explore un genre cinématographique bien codé: le polar. A la fois accessible et exotique, le long métrage oscille entre histoire d'amour et enquête serrée autour de la traque d'un assassin sadique. L'action s'étire sur une période de vingt-cinq ans, dans un pays gangréné par la corruption. Ricardo Darin, star charismatique, émeut en flic vieillissant qui a tout sacrifié dans sa quête pour coincer un tueur insaisisable.
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D'une réalisation classique, impeccablement ficelé, cet étouffant film d'atmosphère décline à loisir le thème de la vérité inscrite dans le regard. Esposito mange Irène des yeux, celle-ci le fixe avec une bienveillance qu'il ne sait pas interpréter comme une attente de sa déclaration. Et c'est à la manière dont l'ignoble Gomez porte les yeux sur son décolleté lors de son interrogatoire qu'Irène démasque en lui l'assassin, le poussant ensuite hors de ses gonds pour le mener à l'aveu. Dans le rôle du fonctionnaire déprimé, Ricardo Darin fait merveille en grande partie grâce à son regard, qui n'est pas sans rappeler celui de Paul Newman.
Sans doute le cinéaste en fait-il un peu trop sur la fin, quand il égrène en accéléré les plans-clés de l'intrigue, ou clôt l'idylle interdite par un tour de passe-passe. Greffé d'une belle scène de poursuite dans un stade de football, Dans ses yeux reste néanmoins un divertissement de qualité (...). -
Belle œuvre universelle, à l’image de La vie des autres dont il se rapproche beaucoup, Dans ses yeux est une grande et complexe histoire relevant de plusieurs niveaux de narration et mélangeant au cadre du présent les flashbacks douloureux d’un passé situé 25 ans auparavant, en 1974. Elle synthétise tout ce que les spectateurs aiment retrouver à l’écran, puisque l’adaptation du roman argentin d’Eduardo Sacheri par le cinéaste Juan José Campanella mélange deux genres particulièrement affectionnés par le public. On y retrouve le mélo langoureux aux images léchées, terré dans l’amitié indestructible entre deux hommes, pourtant malmenée par l’alcool autodestructrice de l’un, l’indicible passion et la séparation d’amoureux, qui ne deviendront peut-être jamais amants en raison d’origines sociales incompatibles. (...) Au-delà du simple bilan lacrymal, ce long-métrage est également un implacable et révoltant polar, qui analyse les notions de justice et de pouvoir à l’ère de Peron, jusqu’à un final fort qui pourra, à juste raison, être qualifié de bouleversant et de surprenant, notamment grâce à une pirouette scénaristique assez glaçante. La partie thriller est rudement bien menée, trouvant ses origines dans un fait divers sordide (une jeune femme violée et sauvagement assassinée) qui va pourtant restaurer la primauté des sentiments et notamment de l’amour, réaffirmant ainsi l’indissociabilité du drame et du polar au cœur du récit.
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On songe à ces mélos hollywoodiens de jadis - de Vincente Minnelli à Sydney Pollack - où la finesse psychologique s'alliait à un brio discret... Et puis, brutalement, comme pour prouver que le classicisme de sa mise en scène était parfaitement volontaire, Campanella se paie, lors de l'arrestation du meurtrier dans un stade, un plan-séquence de plusieurs minutes, virtuose, à rendre jaloux le Brian De Palma d'Obsession et de Snake Eyes. Seul moment vraiment ostentatoire du film. Presque incongru, en fait, dans ce film qui mêle subtilement les genres.
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Flash-back à la pelle, suspense, rebondissements... le héros, d'allure chic, d'esprit opiniâtre, est l'exemple même du brave type. Et le couple qu'il forme avec son collègue, plus audacieux que lui, alcoolique de surcroit, s'inscrit dans la tradition du clown blanc et de son comparse, l'auguste.
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par Bernard Achour
Un drame atteindre un suspense d’une telle incandescence ? Un retournement de situation final redistribuer autant de cartes avec une intelligence pareille ? Que Jacques Audiard nous pardonne, mais "Dans ses yeux" mérite haut la main sa consécration hollywoodienne.
Voici donc le drame argentin qui a ravi l’oscar du meilleur film étranger au Prophète de Jacques Audiard. Il faut reconnaître que l’enquête menée par le personnage principal captive immédiatement, considérant le caractère sordide du crime et l’interprétation de l’acteur ultracharismatique Ricardo Darin. Le scénario relance le débat sur la peine de mort et la justice personnelle, la mise en scène intègre aussi bien l’humour que les courses-poursuites. Dommage que le réalisateur accorde tant de place à la vie sentimentale du héros. Des séquences à l’eau de rose qui plombent le rythme.
Evidemment, il ne faut pas regarder de trop près, sous peine de voir que tout est cousu de fil blanc. Ça ne tient la route que grâce à un arsenal de conventions, cache-misère d’un travail à l’ancienne dans le fond peu subtil.