Toutes les critiques de Coby

Les critiques de Première

  1. Première
    par Eric Vernay

    Suzanne le sait, elle veut devenir un garçon. Mais avant de se rebaptiser officiellement Jake, comme les avatars des jeux vidéos de son enfance, elle aura un nom de transition : Coby. Ses parents acceptent bien la situation. Sa copine aussi. Quant à la violence du regard d’autrui qu’on s’attendait un peu à déplorer dans ce type de parcours transgenre en Amérique profonde, il ne survient qu’en sourdine, par le biais d’une courte anecdote à la chute victorieuse. Bref, tout semble globalement doux, serein et bienveillant dans ce documentaire pourtant localisé à Chagrin Falls (!), débutant par ces mots : "je vais vous raconter une histoire marrante ». Exit donc, le sensationnalisme doloriste attendu sur pareil sujet. Si la mise en scène ne brille pas d’une folle audace (montage alterné de l’avant/après opération, nourri d’archives Youtube et d’interviewes des proches face caméra), la "transition" est racontée avec une belle sensibilité par le demi-frère de Coby. Sonderegger relate ainsi des moments très intimes - la joie enfantine procurée par la mutation de ses tétons, l'impact d’injections de testostérone sur la personnalité – sans verser dans le voyeurisme. Le cœur du film, ou du moins son aspect le plus intéressant, réside dans l’impact du changement de Coby sur sa famille, qui doit totalement s’adapter et se reconfigurer en fonction de cette nouvelle écorce et de cette nouvelle voix, qui devient chaque jour un peu plus grave. Une gravité dont le film, lui, est joliment délesté.