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Ça commence comme dans un film absurde de Kervern et Delépine. Jacques Blanchot apprend que sa femme le quitte parce qu’elle est allergique à lui. « Je suis atteinte de blanchoïte aigue », dit-elle en lui montrant le verdict du médecin et en se grattant le cou avec grâce –Vanessa Paradis fait ça merveilleusement bien. Jacques blanchit mais ne réagit pas. Il salue son fils sans cérémonie qui lui confesse avant son départ qu’il voudrait un chien. Direction l’animalerie où Jacques achète un chihuahua qui “ressemble à Hitler” et se fait écraser peu après. Cette première partie pince-sans-rire est hilarante, merveilleusement découpée et incarnée avec une placidité digne d’Harry Langdon par un Vincent Macaigne qui vise à l’effacement. C’est précisément l’objet de cette comédie kafkaïenne inversée où l’humain qu’est le héros, foncièrement soumis et bon, va progressivement accepter l’idée de devenir un chien puisque c’est le seul moyen pour lui d’exister aux yeux des autres. Problème : il tombe sur un dresseur misanthrope (Bouli Lanners, extraordinairement inquiétant) qui va en faire son souffre-douleur. Dans cette deuxième partie sado-maso, Benchetrit pousse les curseurs du malaise au maximum, sous couvert de posture punk un peu infantile (haha on va choquer le bourgeois !) qu’on lui reproche souvent. Pour une fois, néanmoins, son nihilisme forcené n’a pas le dernier mot. Jacques le toutou aurait-il eu raison de sa vision désenchantée de la nature humaine ?