- Fluctuat
Une vision dépouillée à l'extrême. Un bout de fascination dont on sort grandi par tant d'interrogations pertinentes et d'un visuel raffiné. Quelques semaines après le choc de Cure, Kiyoshi Kurosawa livre une nouvelle facette de son inspiration picturale à la blancheur délicate. Un Objet Filmique Non identifié !
Il m'est impossible de vous résumer l'histoire de Charisma. Chez Kurosawa, le détail est source de compréhension. Un fil conducteur qui ne vaut pas - certes - la narration linéaire de Cure, mais qui a le mérite d'annoncer une nouvelle manière de filmer : une multitude d'indices, de petites lueurs vives et rapides, qui permettent au spectateur de refaire son film. Ainsi on observe chez le cinéaste japonais une certaine continuité dans la mise en propos.C'est en prenant quelques jours de congés, suite à une prise d'otages qui a mal tourné, qu'un mystérieux inspecteur de police va atterrir au milieu d'un groupe d'individus plus féroces les uns que les autres, dans une forêt en voie de dépérissement. Tous ont des raisons de vouloir abattre un arbre à l'aura malfaisante. Tous ? Il reste un espoir, incarné par un jeune esprit rebelle possédant malgré tout une certaine foi, mais dont la résistance semble inutile. l'inspecteur subira progressivement l'emprise de cet arbre aux ressources illimitées et au charisme vital.Kiyoshi Kurosawa concentre son détail filmique (l'arbre) autour d'un cercle rempli de tous les maux de la société. Les paraboles chez Kurosawa sont nombreuses mais pratiquement invisibles. Vouloir toutes les déceler relèverait de la pure inconscience, tant Kurosawa nous plonge dans une spirale troublante et parsemée de désirs violents, de sexe et d'illogismes gratuits.Lorsqu'on observe attentivement la portée et la place de chacun des personnages décrits dans Charisma, quelques points mystérieux viennent nous titiller :
Qui est réellement cette jeune savante, spécialisée dans l'arboriculture, décidée coûte que coûte à détruire ce qu'elle croit être le démon incarné ?... Une erreur de la nature ou bien une sorte de terroriste aveuglée par un intégrisme puéril ? Et sa soeur, diaboliquement instable, qui assomme à coups de pelle tous ceux qui veulent sauvegarder cette espèce végétale ? Ne serait-ce pas tout simplement l'esprit de nos instincts les plus primaires, ceux définis par une violence enfouie en chacun de nous mais dissimulés par cette enveloppe corporelle qui sert de simulacre ?
Il y a effectivement cette sensation de faux-semblants dans la juxtaposition des plans chez Kurosawa. L'évidence de ses propos tient dans le fait qu'il met en scène une solution intérieure qui explose dans chaque séquence. Elle est soit traduite par une beauté formelle des paysages filmés, soit par une mise en scène foisonnante d'idées destinée - comme dans Cure - à entraîner le spectateur dans une frustration délicieuse et miraculeuse.Car ce qu'il faut comprendre dans les faits et gestes de ces personnages, moitié automates moitié possédés, c'est un bouillonnement intérieur traduit par des actes d'une invraisemblance loufoque, d'une incohérence dans leur raisonnement. Ce que l'on croit être du ridicule n'est en fait que le prolongement de plusieurs années de traitement honteux et puissamment meurtrier d'une espèce humaine totalement déglinguée. Le résultat sera lourd de conséquences. Nous assisterons, impuissants, au désastre lors de la scène finale, lourde de conséquences et de symboles prémonitoires. Peut-être...Charisma
de Kiyoshi Kurosawa
Avec Yakusho Koji -
Ikeuchi Hiroyuki
Japon - 1h43 - 1998
- Lire la présentation de la Rétrospective Kiyoshi Kurosawa à la MCJP (2001)
- Focus sur les films Kairo / Cure / Charisma dans le cadre de la rétrospective Kiyoshi Kurosawa à la MCJP
- Lire la chronique du film Jellyfish (2003)
- Lire la chronique du film License to live (1999)
- Lire la chronique du film Charisma (1998)
- Lire la chronique du film Cure (1997)FluctuatUne vision dépouillée à l'extrême. Un bout de fascination dont on sort grandi par tant d'interrogations pertinentes et d'un visuel raffiné. Quelques semaines après le choc de Cure, Kiyoshi Kurosawa livre une nouvelle facette de son inspiration picturale à la blancheur délicate. Un Objet Filmique Non identifié !
Il m'est impossible de vous résumer l'histoire de Charisma. Chez Kurosawa, le détail est source de compréhension. Un fil conducteur qui ne vaut pas - certes - la narration linéaire de Cure, mais qui a le mérite d'annoncer une nouvelle manière de filmer : une multitude d'indices, de petites lueurs vives et rapides, qui permettent au spectateur de refaire son film. Ainsi on observe chez le cinéaste japonais une certaine continuité dans la mise en propos.C'est en prenant quelques jours de congés, suite à une prise d'otages qui a mal tourné, qu'un mystérieux inspecteur de police va atterrir au milieu d'un groupe d'individus plus féroces les uns que les autres, dans une forêt en voie de dépérissement. Tous ont des raisons de vouloir abattre un arbre à l'aura malfaisante. Tous ? Il reste un espoir, incarné par un jeune esprit rebelle possédant malgré tout une certaine foi, mais dont la résistance semble inutile. l'inspecteur subira progressivement l'emprise de cet arbre aux ressources illimitées et au charisme vital.Kiyoshi Kurosawa concentre son détail filmique (l'arbre) autour d'un cercle rempli de tous les maux de la société. Les paraboles chez Kurosawa sont nombreuses mais pratiquement invisibles. Vouloir toutes les déceler relèverait de la pure inconscience, tant Kurosawa nous plonge dans une spirale troublante et parsemée de désirs violents, de sexe et d'illogismes gratuits.Lorsqu'on observe attentivement la portée et la place de chacun des personnages décrits dans Charisma, quelques points mystérieux viennent nous titiller :
Qui est réellement cette jeune savante, spécialisée dans l'arboriculture, décidée coûte que coûte à détruire ce qu'elle croit être le démon incarné ?... Une erreur de la nature ou bien une sorte de terroriste aveuglée par un intégrisme puéril ? Et sa soeur, diaboliquement instable, qui assomme à coups de pelle tous ceux qui veulent sauvegarder cette espèce végétale ? Ne serait-ce pas tout simplement l'esprit de nos instincts les plus primaires, ceux définis par une violence enfouie en chacun de nous mais dissimulés par cette enveloppe corporelle qui sert de simulacre ?
Il y a effectivement cette sensation de faux-semblants dans la juxtaposition des plans chez Kurosawa. L'évidence de ses propos tient dans le fait qu'il met en scène une solution intérieure qui explose dans chaque séquence. Elle est soit traduite par une beauté formelle des paysages filmés, soit par une mise en scène foisonnante d'idées destinée - comme dans Cure - à entraîner le spectateur dans une frustration délicieuse et miraculeuse.Car ce qu'il faut comprendre dans les faits et gestes de ces personnages, moitié automates moitié possédés, c'est un bouillonnement intérieur traduit par des actes d'une invraisemblance loufoque, d'une incohérence dans leur raisonnement. Ce que l'on croit être du ridicule n'est en fait que le prolongement de plusieurs années de traitement honteux et puissamment meurtrier d'une espèce humaine totalement déglinguée. Le résultat sera lourd de conséquences. Nous assisterons, impuissants, au désastre lors de la scène finale, lourde de conséquences et de symboles prémonitoires. Peut-être...Charisma
de Kiyoshi Kurosawa
Avec Yakusho Koji -
Ikeuchi Hiroyuki
Japon - 1h43 - 1998
- Lire la présentation de la Rétrospective Kiyoshi Kurosawa à la MCJP (2001)
- Focus sur les films Kairo / Cure / Charisma dans le cadre de la rétrospective Kiyoshi Kurosawa à la MCJP
- Lire la chronique du film Jellyfish (2003)
- Lire la chronique du film License to live (1999)
- Lire la chronique du film Charisma (1998)
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