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Avec Delphine Gleize, Jean Rochefort signe un documentaire émouvant et très digne sur cet attachant vieillard qui finit ses jours dans un box d’écurie aménagé en appartement. Miraculeusement, les deux réalisateurs évitent les écueils du pathos. Par exemple, quand la
caméra saisit sans s’appesantir les scènes où il faut ôter les prothèses. Ou quand elle suit Marc, en fauteuil électrique, se jouant, en solo, du sable d’un manège. Sans l’alourdir d’un inutile commentaire en voix off, les réalisateurs filment le quotidien de Marc et ses derniers tours de piste avec le singulier attelage formé par Martine, tonique auxiliaire de vie, et par le jeune Edmond, 18 ans, cavalier en devenir plein d’arrogance. Le portrait, non dénué d’humour, d’un passionné qui, jusqu’à sa mort, s’accroche à la vie.
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L'histoire du film, c'est la relation entre ces deux hommes réunis par l'amour des chevaux et la rigueur de l'exercice, c'est plus encore ce qu'ils ont à partager et à s'offrir mutuellement à un moment crucial de leur vie respective. Cloué à sa chaise, Marc attend la mort en cavalier, dignement et avec élégance. Edmond s'apprête quant à lui à sauter l'obstacle de sa vie d'adulte. En un mot, l'un aide à monter celui qui l'aide à descendre. Il y a entre eux beaucoup de retenue et de tendresse cachée, pas mal d'humour, un peu de rudesse. Juste ce qu'il faut pour que la mort de l'un soit peut-être un peu plus douce, et que l'envol de l'autre soit lesté d'un poids de connaissance et de responsabilité.
Il serait tout à fait injuste de ne pas citer aussi le personnage de Martine, l'auxiliaire de vie et poétesse érotique à ses heures, qui s'occupe quotidiennement de Marc, et apporte à son patient en même temps qu'au film une gouaille inimitable, un bon sens roboratif, une consolation si originalement féminine. Elle prend plus que sa part dans ce beau film de voyage immobile, filmé avec appétit, trivialité, sensibilité. -
A l'image de ses personnages, le film se montre toujours délicat : une séquence magnifique de simplicité montre Martine fixant des prothèses aux genoux de Marc, qui ne renonce pas à cabotiner et à lui réclamer un baiser. A la fin, plus d'images, ni de dialogue ni de musique : de simples photos se succèdent et tiennent le pathos à distance. Ne reste que l'émotion d'une séparation prévisible et déchirante. La passion équestre traverse Cavaliers seuls, mais il n'est pas nécessaire de la partager pour apprécier le voyage de ces deux hommes qui semblent les deux moitiés d'une seule âme.
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Abordant ainsi les thèmes universels de la transmission, de l’ambition, des sacrifices nécessaires à son accomplissement ainsi que le rêve d’une vie et sa difficulté à l’atteindre.
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Il faut d'abord préciser que ce documentaire n'a pas grand-chose à faire au cinéma et serait bien plus à sa place à la télévision. Ni le sujet ni sa forme n'ont suffisamment d'ampleur pour attaquer le grand écran. Cela étant dit, le documentaire est, en lui-même, plutôt réussi. Malgré quelques longueurs, il parvient, en peu de mots, à capter l'affection très touchante existant entre le vieil homme et l'adolescent. En prime : la découverte du monde peu connu des haras et des entraînements de sauts d'obstacles.