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Il y avait jusqu’à présent deux Brillante Mendoza : celui de John John et de Lola, jolis films âpres mais apaisés, et celui de Serbis et de Kinatay, œuvres moins subversives que provocatrices. Avec Captive, grosse production internationale, le cinéaste change de statut, passant du bricoleur malin et inspiré au faiseur appliqué. Fidèle à son style immersif, caméra à l’épaule, Mendoza embarque le spectateur dans cette épopée dingue qui, tirée d’une histoire vraie, raconte une nouvelle fois la violence et la corruption auxquelles son pays est en proie. Factuel et neutre au possible, sans trop de fautes de goût (excepté un accouchement cracra et un viol dont on se serait bien passé), Captive porte mal son titre puisqu’il ne s’attache pas tant au parcours d’une personne qu’à celui d’un groupe dont Huppert, bien qu’habitée, peine à émerger.
Toutes les critiques de Captive
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Incisif et percutant, Captive s’impose comme une réflexion majeure sur l’affaiblissement de nos certitudes face à la levée des extrêmes
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Captive est extrêmement crédible, efficace, et de la virulence fruste du bataillon preneur d’otages (ici, des djihadistes affiliés à Al-Qaeda) aux conditions de vie dans la jungle, tout sonne puissamment juste et vrai.
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"Une histoire vraie" que Mendoza relate dans un balancement nerveux entre stridence sèche de scène de fusillades et délicatesse de trouées contemplatives.
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Avec une curiosité souvent troublante, Mendoza met en scène les rapports de domination qui fluctuent entre geôliers et captifs [...] Un film à la fois formidablement évocateur et d'une intelligence politique aiguë.
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Brillante Mendoza, cinéaste du chaos et du trouble, soulève également les problèmes de corruption qui gangrènent son pays. Son captivant Captive vous prend aux tripes. Un cinéma empreint de violence, de sauvagerie sans pourtant être manichéen. Le brillant Mendoza signe là son film le plus accessible et le plus palpitant. Enfin.
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Une fiction très réaliste où le cinéaste explore les liens que ravisseurs et captifs peuvent nouer lors d'une prise d'otages, entre tension et entraide. Captivant.
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Le réalisateur Brillante Mendoza réussit par son style sobre et nerveux à restituer le calvaire des otages vécu de l'intérieur : le choc, la violence, l'incertitude, la relation avec les ravisseur qui évoluent... Etonnante Isabelle Huppert, pour son rôle, s'est aussi inspirée de la captivité d'Ingrid Bettancourt
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Un cocktail tristement explosif pour un portrait brutal de notre temps.
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par Stéphanie Belpêche
Dans un film captivant, le cinéaste philippin mélange fiction et documentaire, même s’il n’évite pas quelques clichés inhérents à ce type de situation. Isabelle Huppert, ni coiffée ni maquillée, apparaît pour la première fois vulnérable.
Il ne faut pas s’attendre à des scènes d’action spectaculaires dans la reconstitution que fait Brillante Mendoza de la prise d’otages de travailleurs humanitaires par le groupe islamiste Abu Sayyaf en 2001. Le cinéaste accuse au passage l’impuissance du gouvernement philippin, mais ce film, qui paraît à première vue moins percutant qu’à l’ordinaire, est pourtant au diapason des précédents : peinture d’un réseau de relations en un lieu donné, observation enfiévrée de l’inlassable force de vie déployée par les animaux, les plantes et, surtout, les hommes réagissant selon leurs pulsions et leur religion. Le cinéaste observe ces déclinaisons d’énergie cosmique dans une jungle où les ravisseurs ne sont pas caricaturés et où Isabelle Huppert, militante dans une ONG, parvient avec superbe à se glisser au sein d’un univers inhabituel.
Le cinéaste, que l'on a connu plus rentre-dedans, se garde bien ici d'apporter un point de vue et reste passif derrière son objectif. Ce non-choix donne à l'ensemble des allures de petit manuel de survie de l'otage! Pas mal mais frustrant de la part d'un cinéaste brillant.
Une Isabelle Huppert bluffante, un film haut en couleurs... mais parfois mal fagotté.
Mendoza emmène de force Huppert dans la jungle philippienne pour une captivité filmée façon documentaire renvoyant dos à dos rebelles et armée gouvernementale. Le traitement est efficace mais la frustration est prégnante du fait justement de cette prise de position inexistante que l’on perçoit plus par défaut que par choix.
Dans « Captive », un film du réalisateur philippin Brillante Mendoza, Isabelle Huppert incarne Thérèse Bourgoine, une Française prise en otage avec une vingtaine de ressortissants étrangers par le groupe Abbu Sayyaf, une organisation de musulmans terroristes proches d’Al-Qaïda qui entendait, en 2001, obtenir l’indépendance de l’île de Mindanao.Immergée dans une mise en scène au plus proche du réel, Isabelle Huppert, toujours friande d’expériences d’actrice, est une nouvelle fois épatante.
ur le papier, la rencontre entre le réalisateur philippin Brillante Mendoza et l’actrice française Isabelle Huppert avait de quoi susciter la curiosité. Et le sujet (la prise d’otage de missionnaires par des miliciens musulmans), bien qu’un peu casse-gueule, laissait entrevoir un champ de possibles assez intéressant. Ajoutez à cela la présence d’une jungle luxuriante et hostile à travers un pays qui plonge peu à peu dans le chaos, et vous obtenez un projet pour le moins intrigant, mais qui pourtant ne prend que très ponctuellement son envol.
Mais ce filme ne se résume pas à un crapahutage infernal, il se place sous l'angle du reportage-fiction, et donne corps à ces terroristes, plus intéressés par le papier vert des rançons que par les pages du Coran.
Hélas, le cinéaste semble avoir été submergé par sa matière filmique.
Cinéaste prolixe, Mendoza sort le spectateur de son fauteuil pour l'envoyer dans la jungle. L'expérience n'est pas sans plaies ni bosses, car Mendoza, tout à ses images, oublie parfois qu'il faut aussi dramatiser son scénario.