Toutes les critiques de Buenos Aires 1977

Les critiques de Première

  1. Première
    par Eve Gimenez

    Survivre. Telle est l’unique obsession des détenus de la Maison Seré durant la dictature argentine. Sans jamais tomber dans le sordide, le réalisateur Adrian Caetano suggère la torture sans la montrer. Il mêle habilement l’horreur au suspense ajoutant à cela un soupçon d’action. Le parti pris esthétique du film traduit à la perfection l’inquiétude et la souffrance des détenus. Stupéfiant. Le résultat, unique, n’aurait toutefois pas vu le jour sans la performance exceptionnelle des principaux acteurs.

Les critiques de la Presse

  1. Paris Match
    par Alain Spira

    A travers le calvaire du héros, c'est le visage universel du fascisme moderne que nous donne à voir le réalisateur, comme l'a fait, jadis, Costa-Gavras. Implacable et quasi-documentaire, Buenos Aires 1977 est un témoignage terrifiant qui, en rendant hommage aux victimes de la dictature argentine, nous rappelle que la bête immonde aux multiples visages grouille plus que jamais sur notre planète.

  2. Le JDD
    par Barbara Théate

    Dans un centre de détention, plusieurs jeunes, accusés d'être des révolutionnaires, subissent des mois de torture. Ils apprennent à se connaître et vont tenter l'impensable: s'évader. En s'intéressant aux heures les plus sombres de l'histoire de l'Argentine, ce film interroge le passé pour mieux comprendre le présent. Il installe une atmosphère oppressante dans la maison des tortures et montre l' enfer psychologique des détenus.

  3. Le Monde
    par Thomas Sotinel

    le spectateur est aspiré dans un univers terrifiant à la suite de ces jeunes gens précipités dans la même tragédie, qu'ils soient militants ou apolitiques. La violence qui leur est faite est traduite sur l'écran (sans être représentée dans ses détails sanglants), et l'engagement physique des acteurs parachève ce processus d'identification. Mais la rançon de cette efficacité spectaculaire est coûteuse : la tension permanente (entretenue par une musique envahissante) suscite des réactions réflexes plutôt qu'une réelle empathie, sans parler d'une réflexion évacuée. C'est la première fois qu'un réalisateur de la génération de Caetano filme directement l'horreur de la guerre sale d'il y a trente ans, et Buenos Aires 1977, tout en affirmant la nécessité de l'entreprise, en démontre aussi les périls.

  4. Télérama
    par Jacques Morice

    Le réalisateur, dont on avait pu apprécier L’Ours rouge, n’y va pas cette fois de main morte. Il vise une forme de terreur pure et emploie pour y parvenir tout un arsenal d’effets – cadrages biscornus, images aux couleurs affaiblies. A la limite, tout est fait pour atténuer la spécificité argentine : il s’agit d’abord d’une lutte pour la survie. Le mal n’a pas vraiment de raison ni de visage, tous les geôliers sont indifféremment des sadiques qui ricanent. Ne pas attendre, donc, un éclairage nouveau sur cette page d’histoire très sombre. L’horreur, censée croître à mesure que l’état des détenus se dégrade, finit, c’est le comble, par susciter l’ennui plus qu’autre chose. Dans le genre, Midnight Express reste nettement plus efficace.

  5. Fluctuat

    La dictature argentine des années 1970 et la torture des kidnappés politiques servent de cadre à une chronique de la survivance lassante. Adrian Caetano reste muet sur le contexte historique et politique pour mieux se concentrer sur l'horreur de la détention. Le parti pris visuel et sonore lorgne volontairement vers le film d'horreur, au risque de flirter avec le mauvais goût.
    - Exprimez-vous sur le forum Buenos Aires 1977Le titre a au moins le mérite d'être honnête. Un an après le coup d'Etat et la mise en place d'une dictature militaire, des agents au service du gouvernement, véritable milice de la junte, enlèvent le jeune gardien de but Claudio Tamburrini à son domicile de Buenos Aires, sur la base de fausses accusations. Direction la Mansión Seré, centre de détention clandestin, enfer dans lequel résident quelques prisonniers politiques. Interrogatoires, torture, le combat pour survivre commence, jusqu'à ce que la fuite s'impose alors que la mort approche.Le film est inspiré de faits réels, rendus publics par des témoignages au procès du régime en 1985 et un livre écrit par le protagoniste principal, Claudio Tamburrini. Adrian Caetano, un des ambassadeurs du nouveau cinéma argentin (bien que né en Uruguay), auteur de trois long-métrages présentés à Cannes, n'a pas voulu réaliser un film sur la dictature. Buenos Aires 1977 est avant tout une histoire d'évasion dont les héros survivent à l'horreur. "120 jours. 4 prisonniers. 1 seule chance de s'échapper.", dit l'affiche, évocatrice. Mais de quelle horreur s'agit-il ? Celle particulière au régime de 1976, celle plus universelle de la torture politique, ou celle des dérives formelles du film de Caetano…Claudio (joué par Rodrigo De la Serna, vu aux côtés de Gael Garcia Bernal dans Carnets de Voyage) et sa mère sont tabassés d'entrée de jeu. Les premières images, camera au poing, donnent le ton du film. L'atmosphère violente devient vite oppressante comme il est rapidement conduit à la Mansión Seré. Cette bâtisse dans laquelle les prisonniers sont séquestrés est filmée comme une maison hantée. Les détenus sont souvent nus, ont tout le temps les yeux bandés, et sont régulièrement torturés. Les images ne sont pas insoutenables, le pire n'est que suggéré, mais observer ces corps meurtris pendant une heure, c'est long !Le cinéaste a voulu montrer l'évolution de la psychologie des personnages (les prisonniers, car les geôliers sadiques ne s'adouciront pas). Mais il abuse des gros plans et des courtes focales qui font paraître les pièces plus profondes. Il opte pour des cadrages en diagonale farfelus, obligeant le spectateur à pencher la tête, au risque de l'inciter à dormir un peu en attendant l'évasion. La bande son, supposée accentuer les effets dramatiques, est mauvaise, excessive, ridicule.
    Le réalisme historique n'a plus sa place dans ce cinéma de genre de qualité moyenne. La scène d'évasion, quand elle arrive enfin, se prête mieux aux choix artistiques de Caetano. S'attardant souvent sur les visages et les corps, le réalisateur sert la performance physique de ses acteurs. Le suspense n'est pas renversant, l'évasion n'est (heureusement) pas trop spectaculaire. Elle ne dure que quelques minutes.Buenos Aires 1977 n'est donc pas un film historique et politique, ce n'est pas non plus un thriller d'évasion ni un film d'horreur, mais un hybride qui échoue sur tous les plans et ennuie assez profondément. C'est fort dommage car l'histoire récente de l'Argentine est un sujet passionnant, le climat génréral d'angoisse intéressant à explorer. L'auteur n'avait cependant pas cette ambition et s'adresse en premier lieu à des Argentins qui connaissent bien la dictature pour l'avoir vécue, mais qui ont longtemps ignoré le sort des dix à trente mille personnes enlevées entre 1973 et 1983.Le costume de série Z qu'enfile parfois Buenos Aires 1977 est d'autant plus malvenu qu'Adrian Caetano revendique un certain message historique et politique.
    Mieux vaut dès lors revoir L'Histoire Officielle de Luis Puenzo (1985) ou Garage Olimpo de Marco Bechis (1999), qui traitent, plus subtilement, de la torture pendant ces années noires.
    Buenos Aires 1977
    Un film d'Adrian Caetano
    Avec Rodrigo de la Serna, Nazareno Casero et Pablo Echarri
    Sortie en salles le 27 juin 2007

    [Illustrations : © Wild Bunch]Bande-annonce