- Fluctuat
Pierre Salvadori nous avait habitués à des comédies drolatiques et intimistes. Les Apprentis, bourré d'un savoir-faire artisanal nous avait pour le moins étonnés, tant par son scénario que par sa direction d'acteurs. On s'était alors dit qu'il fallait suivre Salvadori. Aujourd'hui on s'en mord un peu la langue.
A revoir Garçon ! de Claude Sautet on pourrait presque constater que l'ouverture d'Après vous est un plagiat. Daniel Auteuil mime Yves Montant à maestria omnipotente pour le bien-être des convives. Serait-ce un syndrome d'asservissement post-moderne, notre maître d'hôtel va ici jusqu'à en négliger sa fiancée. Serviteur jusqu'à la moelle, Antoine sauve du suicide un névrosé profond comme on rattrape une pièce montée : par réflexe. Se sentant responsable de cet homme, il fait tout pour l'aider à retrouver goût à la vie. Tout et trop, ce qui est censé faire rire. On est alors embarqué dans une histoire pleine d'effets de manches et de détours surchargés qui font souvent tomber le film à plat.Face à une Sandrine Kiberlain sobre et majestueuse, égale à elle-même, Daniel Auteuil, mastodonte cinématographique, fait un peu pâle figure. La vraie bonne surprise vient de José Garcia. Surprenant en psychotique mi-cinglé, mi-soigné, il crée un personnage à mille lieux des potacheries dans lesquelles on l'avait vu ces derniers temps. Parfaitement crédible en désespéré profond, il parvient à emporter l'adhésion dans un film moyen, trop moyen.Après vous
Réalisation : Pierre Salvadori
Avec Daniel Auteuil (Antoine) - José Garcia (Louis) - Sandrine Kiberlain (Blanche)
France / 2003 / 1h50
Sortie nationale le 17 décembre 2003[illustration : Après vous. Photo © Guy Ferrandis]
- Lire plutôt l'entretien avec Jean-François Stévenin (in Les Apprentis de Pierre Salvadori, entretien en Archives)