Le tout premier long métrage de Sidney Lumet est au programme ce soir de « Place au cinéma » sur France 5, présenté par Dominique Besnehard. Retour sur ce grand classique du film de procès sorti en 1957.
Le fruit d’un mauvais souvenir
Douze hommes en colère raconte le procès d’un jeune homme modeste qui, accusé du meurtre de son père, risque la peine de mort. Et il met en scène les longues délibérations des douze jurés dont la décision doit être prise à l’unanimité. Ce grand classique du cinéma de procès frappe par la justesse de son propos et de l’atmosphère qui règne dans les échanges entre jurés. Une impression qui ne doit rien au hasard : cette histoire a été inspirée au scénariste Reginald Rose par sa propre douloureuse expérience de jurée dans une affaire assez macabre.
Une histoire aux multiples vies
Douze hommes en colère n’est pas né au cinéma ! Puisque la toute première transposition de ce scénario eut d’abord lieu en 1954 à la télévision sous la direction Franklin J. Schaffner, le futur réalisateur de La planète des singes et de Patton. Puis en 1964, Douze hommes en colère deviendra une pièce sur la scène londonienne et devra attendre 2007 pour être jouée à Broadway avec entre temps, une adaptation française diffusée en 1970 dans le cadre d’Au théâtre ce soir. William Friedkin en réalisera, lui, sa propre version sur le petit écran américain en 1977. Trente ans avant que Nikita Mikhalkov transpose ce récit en Russie avec 12, sélectionné à la Mostra de Venise.
Les premiers pas d’un immense cinéaste
C’est le comédien Henry Fonda qui fut à l’origine du passage de 12 hommes en colère sur grand écran et par là même celui de Sidney Lumet au long métrage de cinéma. Fonda cherchait en effet un réalisateur capable de travailler vite et bien avec un budget plus que modeste… quand lui est revenue aux oreilles la réputation d’excellent metteur en scène pour le petit écran (la plupart du temps en direct) que Lumet s’était forgée depuis 1950. Un choix que Fonda ne regrettera pas.
Un tournage à vitesse V
Douze hommes en colère a été tourné en seulement 21 jours pour 340 000 dollars. Et afin de respecter les délais, Lumet a soumis en amont ses comédiens à deux semaines de répétitions très intenses où il les a enfermés dans une pièce et fait échanger – sans présence d’une caméra – pour les mettre physiquement et moralement dans leur condition de jurés qui allaient défendre férocement leurs points de vue au départ antagonistes.
Un film fraîchement accueilli à l’époque
Comme tant d’autres, Douze hommes en colère – considéré aujourd’hui comme un classique – a connu une sortie en salles sans tambour, ni trompettes. Henry Fonda jura d’ailleurs qu’on ne l’y reprendrait plus à faire le producteur, agacé par la mauvaise politique de distribution de la Paramount qui sortit le film dans un parc de salles démesuré et le retira du cou trop vite au détriment d’une politique d’écrans plus réduit et fidèles. Et s’il obtint l’Ours d’Or à Berlin en 1957, Douze hommes en colère repartit bredouille tant des Golden Globes que des Oscars, terrassé par Le pont de la rivière Kwaï. Sidney Lumet dut attendre 2005 pour recevoir un Oscar – d’honneur – après quatre autre nominations infructueuses pour Un après-midi de chien, Network, Le Prince de New-York et Le verdict.
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