Alors que L'interview qui tue - la comédie potache avec Seth Rogen et James Franco qui tentent de tuer le dictateur nord-coréen Kim Jong-un - ne sortira pas dans les salles américaines la semaine prochaine suite aux menaces terroristes des hackers de Sony, la chaîne câblée Paris Première a - fruit du hasard - décidé de programmer aujourd'hui une soirée consacrée à Charles Chaplin, avec notamment à 20h40 Le Dictateur, l'un des chefs-d'oeuvre du cinéaste, acteur et producteur américain.Et il est difficile de ne pas faire aujourd’hui de parallèle entre les deux films produits à 75 ans d'intervalle - un chef-d'oeuvre qui ridiculisait le dictateur allemand en pleine Seconde Guerre Mondiale vs. une potache qui semble avoir plus que titillé un dictateur asiatique -, un rapprochement que même l'acteur américain Steve Carell (bientôt à l'affiche de Foxcatcher) a fait, en twittant après l'annonce de Sony de déprogrammer L'interview qui tue, un bien triste message: Sad day for creative expression. #feareatsthesoul— Steve Carell (@SteveCarell) December 17, 2014Puis dans la foulée, en évoquant le film de Chaplin : Chaplin pic.twitter.com/LE5w3f3HAs— Steve Carell (@SteveCarell) December 18, 2014Un drôle de hasard de programmation donc, sachant que Le Dictateur a été produit en 1940, soit en pleine Seconde Guerre Mondiale et que, s'il ne projetait pas de tuer son personnage-titre comme la satire de Franco et Rogen, dressait un portrait satirique et sans compromis de l'intolérance en général et d'un terrible dictateur en particulier. A travers les destins croisés d'un barbier juif et du redoutable Adenoïd Hynkel, dictateur de Tomanie sosie d'Adolf Hitler (tous deux incarnés par le génie comique), Chaplin dénonçait naturellement l'Allemagne nazie et la guerre en Europe, mais surtout les conflits, la cruauté et l'intolérance (comme Griffith quelques 25 ans plus tôt), soutenu par un discours final de plusieurs minutes durant lesquelles il réalisait un tour de force comique, humaniste et idéologique.Sur le fond, Le Dictateur présente le nazisme comme un danger mortel pour l'humanité et la démocratie. Lors de la préparation du film - à l'instar de Sony aujourd'hui avec les "Guardians of Peace" (le groupe de hackers) -, Charlie Chaplin a été la cible du gouvernement allemand de l'époque qui avait protesté officiellement contre sa réalisation et demandé expressément l'abandon du projet sous peine de sanctions. Malgré les pressions, Chaplin avait tenu à terminer le film, avec le soutien de certains de ses producteurs associés à la United Artists.Le film fut cependant censuré en Allemagne jusqu'en 1958 et en Espagne jusqu'en 1976. Réalisé avant l'entrée en guerre des Etats-Unis, Le Dictateur - qui n'est sorti en France qu'après la guerre (8 millions de spectateurs) et a été le plus grand succès mondial de son réalisateur - créa l'événement lors de son exploitation aux Etats-Unis en octobre 1940, et il contribua largement à mobiliser l'opinion publique nord-américaine en faveur des démocraties occupées en Europe à cette époque. Et après avoir déclaré la guerre au Japon en octobre 1941, les États-Unis entraient en guerre contre l'Allemagne nazie en décembre de la même année.L'histoire du Dictateur, diffusé ce soir à 20h40 sur Paris Première : Après la guerre de 1914, un jeune barbier juif devenu amnésique après un crash s'évade du ghetto où il vit. Ressemblant comme deux gouttes d'eau à Hynkel, le dictateur, on le prend pour lui et dans la peau du tyran, il prononce un fabuleux discours humaniste.La fameuse scène du globe du Dictateur de Charles Chaplin : Le discours final du Dictateur : Le documentaire d'une demi-heure autour du Dictateur, produit par MK2 :
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