Elle apprend la danse en suivant les cours de Martha Graham et de Merce Cunningham. Elle fonde en 1962, avec Trisha Brown, Steve Paxton et Simone Forti, le Judson Dance Theater, qui est un collectif d'artistes post-modernes, avant-gardistes et minimalistes : foyer d'une importante ébullition intellectuelle. Elle est l'une des figures les plus virulentes de la contre-culture new-yorkaise, allant même jusqu'à rédiger un manifeste en 1965 qui dénonce les artifices du spectacle et l'esthétisme borné de la danse: parti pris déjà présent dans sa chorégraphie Room service de 1964, où le dépouillement atteint son paroxysme. Son vocabulaire chorégraphique extrait du quotidien des actions simples comme marcher ou saisir un objet, et s'oppose à toute virtuosité. Son oeuvre de 1966 intitulée Trio A s'écarte de la même façon de la plupart des repères établis de la chorégraphie que sont la trame musicale, les éléments narratifs qui constituent l'intrigue et le psychologisme du personnage : Yvonne Rainer se produit en habits de ville et ne regarde pas les spectateurs. Ce spectacle est un emblème de la danse post-moderne qui a permis d'élargir les définitions académiques de la danse. A partir de 1974, elle se tourne vers la réalisation cinématographique, transposant certains aspects de son travail chorégraphique comme l'expérimentation, le morcellement et les juxtapositions inhabituelles, à l'écran. Yvonne Rainer est anti-illusionniste, anti-idéaliste phénoménologique, anti-anthropocentriste morale, anti-expressionniste esthétique, anti...
