On imagine mal, en France, la popularité et l'importance de Will Rogers dans l'Amérique de l'entre-deux-guerres. Ancien cow-boy de rodéo, il est catapulté au firmament des stars en 1917, quand il devient vedette des Ziegfeld Follies et impose sa philosophie de bon sens populaire à travers son personnage de provincial honnête et faussement naïf. Toujours près de la vie politique, il fut un temps maire de Beverly Hills, avant de jouer un rôle important dans l'élection de Roosevelt à la présidence en 1932. Dès 1918, il donne à sa célébrité un prolongement immense en devenant acteur de cinéma, dans des westerns ou dans des comédies rurales. Mais c'est avec le parlant qu'il atteint son sommet, son personnage étant devenu, dans le contexte de la crise, un véritable symbole national d'intégrité et d'optimisme. C'est un excellent comédien, sobre et spontané, auquel Frank Borzage (They Had to See Paris, 1929 ; Young as You Feel, 1931), John Ford (Doctor Bull, 1933 ; Judge Priest, 1934 ; Steamboat Round the Bend, 1935) et Henry King (Lightnin ', 1930, et, surtout, ce grand film rural qu'est la Foire aux illusions, 1933) tressent une somptueuse couronne de lauriers. Son dernier film, posthume, In Old Kentucky (G. Marshall, 1935), eut un retentissant succès. Son fils, Will Rogers Jr., l'incarna dans The Story of Will Rogers (M. Curtiz, 1952).