Un physique massif de boxeur, des mensurations impressionnantes (1, 91 m, 89 kg), un visage taillé à coups de serpe, Robert Ryan personnifierait assez bien la belle brute sortie du rang, si sa formation n'était toute différente. Élève de Max Reinhardt, il apprend chez Stanislavski la sobriété du jeu et la maîtrise gestuelle. Rien à voir avec l'improvisation bondissante d'un Lancaster chez cet intellectuel raffiné, qui joua Shakespeare au festival de Stratford-sur-Avon, Pirandello et Brecht à Broadway, et fonda en 1959 le Theatre Group de l'université de Californie. Reste que la machine à fabriquer les stars le voua le plus souvent aux rôles de salauds, de pervers et de « machos » cyniques.Edward Dmytryk, qui le fait débuter à l'écran (Golden Gloves, 1940), fut pour beaucoup dans cet infléchissement, en lui donnant le rôle de l'ex-G. I. antisémite et névropathe de Feux croisés (1947), personnage qu'il reprendra presque textuellement, douze ans plus tard, dans le Coup de l'escalier (R. Wise, 1959). Beaucoup plus nuancé est le rôle que lui confie Jean Renoir dans la Femme sur la plage (1947) : il s'agit encore d'un être traumatisé par la guerre, mais infiniment plus vulnérable, proche parent de Gabin/Lantier dans la Bête humaine. Autre héros « positif », celui du boxeur déchu mais intègre, aux réflexes quasi prométhéens, de Nous avons gagné ce soir (Wise, 1949), sans doute son plus beau rôle. On n'oubliera pas non plus le bagarreur au cur tendre de la Maison dans l'ombre (N. Ray, 1952), le séducteur désenchanté du Démon s'éveille la nuit (F. Lang, id.) ou le dresseur de chevaux saisi par la fibre révolutionnaire des Professionnels (R. Brooks, 1966). S'il doit incarner le mal, il en fait presque un archétype, par exemple dans l'Appât (A. Mann, 1954, où il se heurte à l'honnêteté farouche et un peu bornée de James Stewart) ou dans Billy Budd (P. Ustinov, 1962, face à « l'ange » Terence Stamp). L'humour, toutefois, vient souvent à la traverse, ou l'ambiguïté du contre-emploi (saint Jean-Baptiste dans le Roi des rois de Nicholas Ray en 1961).Le plus étonnant dans cette féconde carrière (71 films en 30 ans) est la rare exigence que Ryan manifeste dans le choix de ses metteurs en scène. Peu d'acteurs de sa génération peuvent en effet se flatter d'un palmarès où voisinent les noms de Cecil B. De Mille, Jean Renoir, Jacques Tourneur, Joseph Losey, Max Ophuls, Nicholas Ray, Fritz Lang, Budd Boetticher, Anthony Mann, Allan Dwan, Samuel Fuller, Raoul Walsh, Richard Brooks, et l'on en passe. Même en fin de course, rongé par la maladie, le visage creusé, il réussit à être bouleversant, en paysan salace dans Une fille nommée Lolly Madonna (R. Sarafian, 1973) et en vieil anarchiste irlandais dans The Iceman Cometh (J. Frankenheimer, id.). Sous le masque un peu conventionnel du baroudeur perçait une profonde humanité.
Nom de naissance | Robert Ryan |
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Naissance |
Chicago, Illinois, USA |
Décès | |
Genre | Homme |
Profession(s) | Interprète, Voix Off VF |
Avis |
Biographie
Filmographie Cinéma
Année | Titre | Métier | Rôle | Avis Spectateurs |
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2015 | Lonely Hearts | Acteur | William Shrike | |
2015 | Les rubis du prince birman | Acteur | BRECAN-MARTIN Jim | |
2015 | Fureur secrete | Acteur | MC LEAN David | |
2015 | La cite sous la mer | Acteur | CARLTON Brad | |
2015 | Le Sherif | Acteur | SILVER Cass |